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Ray McGovern: Combien de temps l’Europe va t-elle danser au diapason de Washington ?

Ray McGovern

Co-fondateur du groupe Veteran Intelligence Professionals for Sanity (VIPS), USA

Audio (Englisch)


J’ai été très ému par le Die Schöpfung, (La Création) d’Haydn, qui a été chanté ce matin. Et il faut se rappeler qu’avant l’extrait qui a été chanté, où il est question de« eine neue welt » [un nouveau monde], et de « Ordnung keimpt empor » (le désordre précède l’ordre), il y a une introduction presque silencieuse, très sombre et très émouvante, où est chanté : « und Gott spracht : Es werde Licht ! Und es ward Licht. » (et Dieu dit : « que la lumière soit ! » Et la lumière fut.)

« Eine neue Welt ». Je pense que nous sommes tous là pour ça ; créer les conditions qui pourront nous empêcher de sombrer dans le type de choses qu’on voit se développer depuis 12 ans environ, resurgissant des pires moments du XXe siècle.

Laissez-moi commencer par remercier ceux qui m’ont invité, et tout particulièrement pour la musique. Je voudrais remercier également mon prédécesseur, le Colonel [Alain Corvez], qui a posé les bases de ce que je vais dire et qui l’a mieux fait que ce que j’aurais pu faire moi-même ; je tiens à m’associer à tout ce qu’il a dit. Il faut dire que ceux qui dirigent actuellement notre politique au Moyen-Orient sont vraiment très bons pour la rhétorique, mais qu’ils sont nuls en matière de bon sens. Il est amusant, par exemple, de voir les allitérations qu’ils utilisent systématiquement. Rappelez-vous ce qui avait été dit contre les Talibans. On nous assurait qu’on allait « les affaiblir, les réduire et les détruire. » C’était en 2009. Aujourd’hui, nous allons affaiblir – on ne parle plus de réduire – et finalement détruire al Qaïda et l’Etat Islamiste ; et ainsi de suite…

Et comment allons-nous faire cela ? Eh bien, le Colonel a fait à ce sujet quelques remarques pertinentes ; mais la plupart des commentaires sont vraiment malsains, comme par exemple : on ne s’inquiète pas du fait que l’EI soit sur le point de s’emparer de l’aéroport, où de la province d’Anbar à l’ouest ; la seule chose qui nous préoccupe est le fait que cela soit proche de Bagdad.

Mais où est-on ? Ils affirment que l’EI est aux portes de Bagdad, tout en minimisant ce que cela implique car, pour le dire franchement, ils ne savent pas quoi faire. Le Président dit : « pas de bottes sur le terrain », mais tout le monde reconnaît qu’il va falloir des bottes sur le terrain. La question est : Quelles bottes ? Qui va les envoyer ? Les Turcs ? Je ne pense pas. A qui donc doivent être ces bottes ?

Notre politique dans cette partie du monde est donc une déroute totale ; des amateurs sont aux commandes. Si David Patraeus, ce Général qu’on considère aujourd’hui comme le sacro-saint patron de la contre-insurrection, n’arrive pas à entraîner l’armée irakienne sans qu’ils déguerpissent dès que les combattants de l’EI leur tirent dessus avec un AK-47, alors personne ne peut le faire. Je dis cela avec ironie, bien sûr. Ce n’est pas vraiment de la faute de Petraeus : difficile d’entraîner des gens à tuer leurs cousins ! C’est aussi simple que cela ; et si on n’a pas retenu cela de la guerre au Vietnam, alors on est vraiment des demeurés. Un travail d’amateurs…

La fin du Traité de Westphalie

J’aimerais maintenant élargir le champ de discussion et parler du Traité de Westphalie, qui a été évoqué plus tôt par Mme Helga Zepp-LaRouche. C’est fini, les gars ! Ce traité est terminé ! Désormais le monde est dominé par des superpuissances, plus besoin de ce genre de traités. Et cela nous renvoie à autre chose que nous allons célébrer l’an prochain. Un indice : ce sera le 800e anniversaire. De quoi s’agit-il ? La Magna Carta. Comment allons-nous fêter laMagna Carta ? On dira : « Oh, quelle élégance, ces gentlemen anglais qui font face au Roi Jean pour lui ravir ses droits. C’est bien, mais c’était une autre époque. On va donc faire des sortes de funérailles, pour dire que la Magna Carta est bien morte, tout comme le Traité de Westphalie, ou encore le Habeas corpus ! C’était une idée un peu vieillotte ; on la jette donc par-dessus bord. Plus besoin de la respecter, ou d’agir en fonction. »

La situation s’est vraiment dégradée. La première leçon de sagesse serait d’apprendre des erreurs du passé, de comprendre ce qui a rendu les choses pires qu’elles ne l’étaient.

Il faut vraiment que je me retienne de rire quand j’entends notre Président Barak Obama dire à l’ONU : « Les trois plus grandes menaces dans le monde sont Ebola, l’agression russe et l’EI. » Wow ! L’agression russe ! Poutine a répondu cette semaine, disant : « Tous ceux qui ne comprennent pas que tous les problèmes récents en Ukraine découlent du putsch, du coup d’État du 22 février, ne vivent pas dans le monde réel. » C’est là que tout a commencé !

A propos de la Crimée, on m’a demandé sur la BBC :

M. McGovern, que pensez-vous du fait que Poutine ait annexé la Crimée ? De son agression ?

Mais pourquoi ne me parlez-vous que du second round ?

Je vous demande pardon ?

Pourquoi commencez-vous au milieu de la bataille ?

Que voulez-vous dire ?

Que tout a commencé le 22 février, avec le putsch ! Il y a eu un coup d’Etat ! C’est là que ça a commencé ! Il n’y a pas l’ombre d’une preuve que Poutine ou quiconque de ses associés n’ait une seule fois songé à prendre la Crimée avant le 22 février ; après, tout cela faisait sens, compte tenu de ce qui venait de prendre le pouvoir à Kiev, sous la supervision de Victoria Nuland, notre Secrétaire d’Etat aux Affaires européennes, qui a utilisé le mot « F » (que certains d’entre vous connaissent) au sujet de l’Union Européenne. Elle a dit « F_ l’UE ». Comment Angela Merkel a-t-elle réagi ? Comment les autres pontes de l’UE ont-ils réagi ? Nous n’avons la trace d’aucune de leur réaction.

Ah bon, d’accord…

Quand les pays de l’UE vont-ils enfin devenir adultes ? La guerre s’est terminée il y a 70 ans, les gars. Nous aussi, Américains, ferions bien de grandir. Pourquoi ? Parce que nous devons vous aider à comprendre ce qui arrive quand on s’en prend à la Magna Carta, au Traité de Westphalie, et à notre propre Constitution. Je n’exagère pas.

Fascisme, version moderne

J’étais vivant lors de la seconde Guerre mondiale et, même si j’étais petit, je me souviens des célébrations d’après-guerre ; je me souviens que lors de ma première visite en Europe avec mon école, j’avais remarqué à quel point les Européens étaient reconnaissants. Et bien, maintenant c’est votre tour. Cette fois-ci, je vais devoir prononcer le mot « f », en minuscules, pour « fascisme ». Les gens identifient généralement le fascisme avec les camps de concentration. C’est un problème, car en fait le fascisme en est tout à fait distinct et séparé.

J’aimerais maintenant passer quelques vidéos afin de vous montrer comment ce fascisme est personnifié par certains de nos dirigeants ; l’un d’eux a été le directeur de la NSA, puis de la CIA pour « services rendus », et maintenant c’est une grande gueule, comme on dit chez nous (« a big talking head »). Il est invité régulièrement sur CNN, Fox News, pour donner des explications sur tout ce qui se passe. Il s’agit de Michael Hayden. Ironiquement, il a le même nom que le bon Joseph Haydn, avec qui nous avons débuté la matinée.

Hayden raconte pourquoi ils ont violé le 4e Amendement, qui protège tous les citoyens américains contre les persécutions ou saisies illégales. Le voici interviewé par Jonathan Landsay, un de ces magnifiques grands reporters :

Jonathan Landsay : D’après ce que j’en sais, le 4e Amendement de la Constitution affirme que le droit des citoyens d’être protégés contre les perquisitions et saisies non motivées ne sera pas violé. Est-ce que…

Hayden : Non, en fait le 4e Amendement nous protège contre des persécutions ou saisies déraisonnables.

Mais…

C’est ce qui est écrit.

Le critère est plutôt « non motivées », me semble-t-il.

L’Amendement dit « des perquisitions et saisies déraisonnables. »

Mais n’est-il pas écrit « non motiv…. »

Non, l’Amendement dit…

Citez-moi le terme légal…

… « perquisitions et saisies déraisonnables ».

Le terme légal est « non motivées »…

Okay, soyons clair : s’il y a bien un amendement de la Constitution que les employés de l’Agence de Sécurité Nationale connaissent, c’est bien le 4e, et le critère est « déraisonnable. »

Le présentateur de MSNBC : « Voici ce que le 4e Amendement de la Constitution américaine, que le Général (Hayden) et la NSA prétendent connaître sur le bout des doigts, dit dans son intégralité : « Le droit des citoyens d’être garantis dans leur personne, leur domicile, leurs papiers et effets, contre les perquisitions et saisies non motivées ne sera pas violé, et aucun mandat ne sera délivré, si ce n’est sur présomption sérieuse, corroborée par serment ou déclaration, ni sans que le mandat décrive particulièrement le lieu à perquisitionner et les personnes ou les choses à saisir. » On doit peut-être en déduire que les gens de la NSA ont une différente Constitution.

En effet, les gens de la NSA ont leur propre Constitution. Et devinez quoi : cette discussion a eu lieu au National Press Club, donc en présence d’un certain nombre de journalistes, mais aucun n’a publié un seule ligne le lendemain. Oui, les choses sont devenues mauvaises à ce point.

Voyons maintenant le Directeur du renseignement national James Clapper, questionné par le Sénateur démocrate Ron Wyden, le 12 mars 2013 :

  • [Sénateur Wyden] : Nous voudrions vous entendre à votre tour, M. le Directeur Clapper, à propos des surveillances. L’été dernier, lors d’une conférence, une question a été posée au directeur de la NSA, sur les actes de surveillance des Américains par la NSA. Voici sa réponse : « la rumeur prétendant que nous avons des dossiers sur des millions, ou des centaines de millions d’Américains, est complètement fausse. »
    La raison pour laquelle je vous pose cette question est que, ayant servi au sein de cette commission depuis maintenant 12 ans, je ne vois vraiment pas ce qu’est un « dossier » dans ce contexte.
    J’aimerais donc que vous me répondiez par oui ou par non à la question suivante : est-ce que la NSA collecte toutes sortes de données sur des millions, ou des centaines de millions d’Américains ?
  • [Directeur Clapper] : Non, monsieur.
  • [Wyden] : Elle ne le fait vraiment pas ?
  • Pas sciemment. Il peut exister des cas, peut-être, par inadvertance, mais jamais sciemment.
  • Merci. J’aurai des questions additionnelles à vous poser par écrit sur ce point, mais je vous remercie pour la réponse.

Vous pensez peut-être que James Clapper a été limogé immédiatement après avoir menti sous serment ? Et bien non. Un an et demi après, il est toujours directeur de la NSA. Le même ! Et qui est toujours la grande gueule sur CNN ? Qui va-t-on trouver pour avoir des explications sur ce type de questions ? Le Général Hayden !

Les renards sont chargés de garder le poulailler. Et notre président ne veut pas se confronter à ses propres services de sécurité et, d’une certaine manière, à ses propres généraux.

La loi martiale aux Etats-Unis

Qu’est-ce que tout cela nous révèle sur la situation interne des Etats-Unis ? Que le traumatisme du 11 septembre continue d’opérer, que le peuple américain subit le terrible poids des médias de masse et ne sait plus vraiment ce qu’il faut croire. Quand on leur dit que l’EIIL est une menace pour leur pays, ils ont tendance à le croire parce qu’ils ont peur. On pourrait penser qu’après 12 ans la peur s’est estompée, mais non. Et certains jouent là-dessus. Des avocats, souvent distingués, sont chargés de réécrire les lois, ou de pousser les gens à aller dans un certain sens.

J’ai un ami qui s’appelle Todd Pierce ; c’est un avocat qui défend des détenus de Guantanama – il a été un des rares avocats à avoir obtenu la libération d’un de ses clients, reparti ensuite en Afrique ; il affirme que sous le régime nazi, la loi était utilisée pour imposer la loyauté absolue au Führer et à l’Etat. Tout le reste était considéré comme une trahison.

Ernst Fraenkel a bien décrit comment ça fonctionnait : la loi martiale servait de constitution au IIIe Reich. Et elle allait de pair avec un système de surveillance, nécessaire pour traquer les ennemis de l’Etat.

Combien d’entre vous connaissent un livre, écrit sous forme de journal personnel, par un certain Raimund Pretzel, Haffner de son pseudonyme ? C’était un avocat vivant à Berlin ; en 1933, il observait tout ce qui était en train de se passer pendant sa formation pour devenir juge. Il raconte qu’il se rendait à son bureau, au milieu des agitations des chemises brunes, et demandait à ses collègues : « Tout cela ne vous dérange pas ? » Et ils lui répondaient : « Oh non, le Reichstag a été brûlé, nos bureaux vont certainement bientôt être inspectés, nos téléphones vont être mis sur écoute, et les libertés publiques vont être bafouées. Et alors ? Mais vous, que faites-vous avec ce Neues Deutschland ? Pourquoi lisez-vous cette propagande communiste ? »

Raimund Pretzel décrit que les Allemands observaient tout cela comme s’ils étaient assis au balcon, dans un théâtre.

J’ai bien peur que la plupart des Américains soient dans cet état d’esprit par rapport à ce qui se passe dans leur propre pays, alors que c’est précisément la loi martiale qui y règne. Vous ne voulez pas le croire ? Et bien, détrompez-vous ! C’est on ne peut plus vrai. La loi martiale. Nos juristes, qui se réfèrent à nouveaux à l’héritage de notre Guerre civile, affirment que dans le cadre de la loi martiale actuellement en vigueur dans ce pays, est considéré comme crime « tout acte d’hostilité contre le pays, le gouvernement, ou toute administration, mettant en difficulté, gênant ou interférant avec nos opérations militaires ou navales ». Wow !

Donc, si vous gênez le gouvernement, vous êtes susceptible d’être envoyé à Guantanamo ? Ça sonne bizarrement, n’est-ce pas ? Mais, selon la loi, un membre de l’armée américaine pourrait tout à fait être envoyé ici depuis Wiesbaden ou Mannheim pour m’arrêter, et me mettre en prison, sans procès, sans inculpation, sans jury. Je sais que ça paraît difficile à croire, mais c’est pourtant vrai ; c’est légal, vous comprenez ?

Sans action, il ne se passera rien

Alors, que faire ? Tout d’abord, nous pousser impérativement à tout faire pour exposer cette dérive, afin que les gens sachent ce qui est en train de se passer ; il faut mouiller la chemise. Cesar Chavez, l’un des grands dirigeants des droits civiques disait souvent : « Vous savez, les textes, c’est bien, les discours, c’est encore mieux ; mais sans action, il ne se passera rien. »

Qu’est-ce que je veux dire par là ? Que nous devons nous inspirer des exemples passés. Je pense par exemple à Sophie Scholl – et je vois beaucoup de jeunes gens ici ; elle avait 21-22 ans quand elle a été arrêtée suite à une manifestation non-violente contre le régime nazi, à l’Université de Munich ; et vous savez comment ils l’ont tuée ? A la guillotine. Les Allemands ont dû apprendre cela des Français, je suppose.

Ensuite, vers la fin de la guerre, les nazis sont en quelque sorte devenus plus civilisés : ils avaient deux méthodes pour tuer, une balle ou la corde, comme on le voit avec l’exécution de Dietrich Bonhoeffer. Quand elle a compris ce qui était en train de se passer, Sophie s’est laissée guider par sa conscience ; en tant que luthérienne, c’était une femme très pieuse, très dévouée.

J’aimerais maintenant citer Kurt Vonnegut, l’un de nos meilleurs romanciers. Un jour, la question suivante lui était posée : « Que pensez-vous de Jésus de Nazareth ? » Il avait répondu : « Et bien, je ne sais pas s’il était Dieu ou pas, mais je pense que s’il n’était pas allé sur le Mont des oliviers, aujourd’hui je ne vaudrais pas mieux qu’un cafard. »

On me dit souvent : « C’est vrai, il y a des principes moraux de base, les gens savent ce qui est bien ou mal ; on comprend qu’être un disciple de Jésus, qui a été torturé à mort, a peut-être un sens particulier pour vous, McGovern, mais nous n’avons pas besoin de cela pour comprendre ce qui est bien ou mal. »

Et voici ce que disait Marthin Luther : « Je peux prêcher haut et fort chaque partie de la vérité de Dieu, mais si je laisse le monde et le diable mettre à mal un seul point de cette Vérité, aussi petit soit-il, alors je ne prêche pas le Christ, quelque soit la hardiesse que j’y mette. C’est là où la bataille fait rage, que la loyauté du soldat est éprouvée ; toute personne se contentant d’être présente sur tous les autres lieux du champ de bataille, sans être présente là où la bataille se joue, ne fait que se dérober dans la honte et la disgrâce. »

Sophie Scholl ne s’est pas dérobée. J’ai été étonné de voir à quel point je ne savais presque rien sur elle, alors que j’ai vécu à deux pas de chez elle, à Stadelheimer Gefängnis, à München, puis à deux pas du lieu où elle a été enterrée. Pendant toutes ces années, je n’étais pas conscient que je vivais aussi proche d’elle.

Il y a beaucoup d’espoir

Le temps passe, et il faut que je conclue, en disant quelques mots sur ce que nous devrions faire.

Je me suis fait molester pour avoir tenté de présenter le dos à Hillary Clinton, tandis qu’elle était Secrétaire d’Etat : je me tenais simplement là, silencieux, sans pancarte ou quoi que ce soit d’autre, et j’ai été battu, assez brutalement. Mes collègues des Veterans for peace ont envoyé l’information à la presse, disant : « McGovern a 71 ans ; cela fait longtemps qu’il est dans le circuit, il a servi au sein du gouvernement, il a été amené à briefer plusieurs Présidents, etc. »

Les journalistes n’ont pas attaché beaucoup d’importance à « briefer plusieurs Présidents », par contre ils ont retenu le « 71 ans ». Et vous savez quoi ? Je ne sais pas comment cela se passe ici en Europe, mais aux Etats-Unis, les gens n’aiment pas quand une vieille personne se fait malmener. Comment est-ce que je sais cela ? Et bien, Hillary Clinton a reçu des milliers et des milliers d’appels téléphoniques, de fax et ces courriels disant : « Pourquoi battez-vous ce vieil homme ? » Fox News a raconté qu’« une personne âgée a été raccompagnée à la sortie ». Regardez un peu comment j’ai été « raccompagné » à la sortie…

[Vidéo]

Je tiens à dire à mes compagnons d’âge, dont je vois certains dans la salle, que vous avez un avantage ; si vous avez quelques cheveux gris sur la tête, alors mouillez la chemise ! Les gens n’aiment pas quand de vieilles personnes se font maltraiter. Les jeunes se disent que ça finira par leur arriver à eux. Alors, mouillez la chemise, utilisez vos atouts.

Quand à vous les jeunes : inspirez-vous des beaux exemples, comme Sophie Scholl, Bradley Edward Manning, aujourd’hui Chelsea Manning, qui avait 22 ans quand il a fait ce qu’il a fait, ou encore Edward Snowden, 29 ans. Il y a donc beaucoup d’espoir.

J’ai grand espoir que nous sortirons du marasme dans lequel nous nous trouvons, car non seulement les jeunes d’aujourd’hui sont plus courageux, du moins pour un petit nombre d’entre eux, mais surtout ils sont techniquement plus compétents ; il faut des milliers de jeunes gens très compétents pour bâtir une bonne société. Et, avec un Edward Snowden sur mille, ceux qui voudraient contrôler le monde sont bien embarrassés. Alors, si vous avez une conscience, faites en sorte de l’ouvrir haut et fort, faites en sorte de vous organiser avec une petit groupe de personnes motivées, de vous réunir pour réfléchir à ce qu’il faut faire, et pour décider qui va le faire.

Pour finir, je voudrais vous montrer deux images. Voici ce que nous avions l’habitude de voir au Vietnam ; voici ce qui arrive quand un pays, qui a subi un traumatisme, envoie de pauvres gars se battre dans un autre pays sans raison valable. Cette photo a été prise dans la ville de Tal Afar, en Irak, au début de la guerre. Cette petite fille était assise sur le siège arrière de la voiture ; son père et sa mère ont été tués par des soldats américains qui pensaient faire face à des ennemis… Le sang que vous voyez est celui de ses parents. Elle a également perdu, je crois, quatre de ses frères et sœurs. Maintenant, regardez cette botte : un des soldats est là, près d’elle… Qu’est-ce qui s’est passé dans la tête de ce jeune homme ? Elle avait six ans. Elle a survécu ; c’est la seule de la famille à avoir survécu.

Voyons maintenant la seconde image. On est tous émerveillés face à des enfants. Il s’agit de deux cousins qui viennent d’avoir un petit frère. C’est cela que nous devrions souhaiter pour nos pays et pour le monde, et non la première image que je vous ai montrée. Gardons ces deux images en mémoire et rappelons-nous que ce n’est pas parce que des personnes sont différentes de nous qu’elles ne doivent pas être considérées comme pleinement humaines et ne méritent pas la même attention que nos propres enfants.

C’est tout ce que je voulais vous dire, et je vous remercie beaucoup pour votre attention.

 

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