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Diogène Senny: BRICS ET PANAFRICANISME – CONVERGENCES OPERATIONNELLES

Diogène Senny

Secrétaire général de la Ligue Panafricaine – UMOJA (LP-U), Paris, France

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Remerciements

Chers Camarades,

Au nom de notre organisation, la Ligue Panafricaine – UMOJA, nous voulons d’abord remercier les camarades de l’Institut Schiller d’avoir organisé cette rencontre. Laquelle rencontre, ô combien importante, au moment où l’impérialisme financier, lui-même, fils naturel et direct de la géopolitique impérialiste globale, ne cesse de s’organiser et de muter en différentes tentacules, capables d’aliéner tous les secteurs de nos sociétés.

Nous ne commencerons pas notre propos sans réaffirmer notre gratitude militante à l’endroit du parti français, Solidarité et Progrès, qui nous a honoré de cette invitation afin d’être parmi vous ici à Francfort. Cette invitation nous permet de faire connaître notre combat à la famille internationale anti-impérialiste. A la Ligue Panafricaine – UMOJA, nous sommes convaincus que face à l’impérialisme qui agit de façon coordonnée et solidaire, nous ne gagnerons pas si nous sommes dispersés, isolés et de surcroît désorganisés.

I. Introduction

Chers Camarades,

Nous avons intitulé notre intervention : BRICS ET PANAFRICANISME :

CONVERGENCES OPERATIONNELLES

Nous allons présenter dans un premier temps, rapidement et indépendamment, les BRICS d’une part et le Panafricanisme, l’idéologie de notre organisation, de l’autre. Nous montrerons ensuite les convergences opérationnelles nécessaires, et même urgentes, afin de reculer la progression de l’impérialisme partout où c’est possible, pour espérer enfin le vaincre un jour.

II. L’initiative historique des BRICS

Outre la militarisation extrême du monde, la géopolitique impérialiste s’appuie également sur le contrôle international des moyens de financements des économies nationales. Par ce moyen, elle arrive à mettre sous l’éteignoir les droits inaliénables des peuples à définir librement leurs politiques économiques. Assurément, les institutions de Bretton Woods, le Club de Paris, le Club de Londres et bien d’autres, sont les instruments visibles de l’écrasement des peuples, à travers le piétinement de leur souveraineté.

Par conséquent, la Ligue Panafricaine – UMOJA se réjouit et salue l’initiative prise par les BRICS, le 15 juillet 2014 à Fortaleza au Brésil, de créer l’une des plus grandes banques de développement au monde afin de constituer une véritable alternative en matière de développement à l’impérialisme financier de la Banque mondiale et du FMI.

A ces cinq pays, c’est-à-dire le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud, ce ne sont pas moins de 3 milliards d’habitants, soit environ 3 terriens sur 7, il était temps qu’ils élèvent la voix dans un monde où ne comptent que les rapports de force.

Ce n’est pas l’actualité qui va nous démentir. En effet, comment comprendre l’humiliation que la justice américaine vient d’infliger à un grand pays comme l’Argentine, la condamnant à payer des sommes colossales aux fonds vautours. Précisément, 1,3 milliards de dollars américains.

Il convient juste de rappeler que l’Argentine, c’est 41 millions d’habitants, avec un PIB en 2012 de près de 475 milliards de $ US. Naturellement, la Ligue Panafricaine – UMOJA s’associe au mouvement de solidarité internationale de tous les progressistes à l’égard du peuple argentin martyr. Car, il ne s’agit ni plus, ni moins que d’un pillage financier international.

L’humiliation suprême que vient de subir le peuple argentin, est un cas d’école permettant de comprendre l’importance de trouver au système financier international dominant des alternatives comme celle que vient de prendre les BRICS en créant cette banque de développement.

Mais ce que les BRICS tentent de faire pour se soustraire du diktat international, c’est exactement ce que la Ligue Panafricaine – UMOJA propose pour le monde africain. Car, comme chacun le sait, l’impérialisme financier international n’a pas de frontière, et le monde africain fait l’objet, comme nulle part ailleurs, des dégâts innommables de ses politiques mortifères à travers les régimes très souvent corrompus par une oligarchie financière internationale.

III. Le Panafricanisme : idéologie de libération et de la renaissance africaine

Idéologie inspirée de l’histoire africaine propre, le Panafricanisme, depuis deux siècles, s’oppose fondamentalement à l’impérialisme qui s’est abattu sur le monde africain d’abord à travers l’esclavage, ensuite par la colonisation et, enfin, le néocolonialisme présent.

Pour la Ligue Panafricaine – UMOJA, dans la lignée des pères historiques du Panafricanisme, le seul moyen de mettre fin à l’impérialisme qui domine le monde africain, réside dans l’Unité politique des territoires africains morcelés, fragilisés, proie involontaire de l’impérialisme et donc sur lesquels chaque puissance exerce une certaine influence, aliénant par voie de conséquence, la souveraineté des peuples.

L’impérialisme présent, nommé aussi néocolonialisme, maintient le monde africain dans une structure économique purement coloniale, qui le contraint à demeurer éternellement pourvoyeur de matières premières brutes et dans la monoculture à destination exclusive d’exportation, tout en étant consommateur passif des produits manufacturés importés.

Sur le plan financier, ce sont les institutions de Bretton Woods en complicité avec les anciens pays colonisateurs qui mènent le jeu dans le monde africain. A peine en début de leur construction, les Etats africains ont été empêchés de se développer suite à toute une série d’injonctions économiques depuis les années 80, les obligeant à appliquer des Plans d’ajustement structurel imposés par la Banque mondiale et le FMI.

Le cas le plus emblématique s’est passé en 1994, où le FMI avait obtenu de la France, ancien pays colonisateur des 14 pays de la zone franc et véritable propriétaire du Franc CFA, de dévaluer cette monnaie de 50 %. Les effets de cette répression monétaire furent terribles : un produit importé de France qui valait 100 FCFA a valu du jour au lendemain 200 FCFA. Pour récupérer 100 FCFA, il fallait vendre le double des produits habituels. Naturellement, le pouvoir d’achat des populations des pays de la zone CFA avait fortement et brutalement chuté, sans mesure d’accompagnement, d’autant que les salaires étaient bloqués depuis une dizaine d’années sur injonction du FMI.

Le comble de tout ceci est que la dette de ces pays libellée en monnaie étrangère, elle s’est retrouvée de fait multipliée par deux en FCFA. Ainsi, les efforts de dix ans de remboursements pour les pays sous ajustement structurel (gel des recrutements, compression des budgets de santé et d’éducation, blocage des salaires…) du même FMI, se sont vus tout simplement annihilés.

Par conséquent, la Ligue Panafricaine – UMOJA, se bat pour que l’Afrique puisse reconquérir tous les attributs de sa souveraineté. Nous avons bien conscience que notre Unité politique ne peut se faire sans que nous ayons en même temps la souveraineté monétaire, seul moyen de mettre fin à la répression monétaire dont les populations payent tous les jours un lourd tribut.

Nous qualifions d’historique l’initiative prise par les BRICS comme la volonté manifeste de s’arracher des griffes du féodalisme de l’impérialisme financier international.

Mais la vraie question est de savoir, pourrions-nous converger nos forces afin de rendre nos actions opératoires et couronnées de succès ?

IV. Convergences opérationnelles des forces anti-impérialistes

L’originalité de la Ligue Panafricaine – UMOJA, est qu’elle est un mouvement politique fédéraliste dès sa conception. Elle a vocation – ce qu’elle fait déjà – à s’implanter dans tous les pays africains, afin d’y mener les combats politiques jusqu’à la conquête du pouvoir politique.

Notre mission est d’aider à détruire la légitimité des dominateurs et fournir à nos populations dominées, l’arme de critique, de mobilisation, de compréhension indispensable pour leur propre libération.

Car les questions soulevées par le Panafricanisme sont éminemment politiques. Qui mieux que les panafricanistes sont à même de les réaliser ?

Les Sections territoriales qui représentent la Ligue Panafricaine – UMOJA dans chaque territoire africain se battent pour contrôler le pouvoir du plus petit échelon (quartier, association, mairie, députation…). Par conséquent, nos Sections ont un rôle différent des partis politiques classiques, aussi dans chaque Section, nous faisons de l’éducation populaire afin de combattre l’aliénation culturelle, et aider nos populations à devenir maîtres de leur destin à travers les activités socio-économiques.

Comment, pouvons-nous, ensemble, dans la famille anti-impérialiste, aider concrètement tous ces militants qui font un travail excellent auprès des populations ?

Chers Camarades,

Nous n’apprenons rien à cette assemblée en affirmant que l’impérialisme ne peut pas aider les mouvements alternatifs comme le nôtre qui fait le voeu de le détruire. Au contraire, il ne fait que produire les conditions de sa propre reproduction.

C’est pourquoi, nous lançons un appel à nos Camarades des BRICS à soutenir concrètement les mouvements alternatifs dans les pays où le néocolonialisme, fils naturel de l’impérialisme financier international à parvenir au pouvoir.

Conclusion

Par conséquent, la Ligue Panafricaine – UMOJA est ouverte à tout partenariat avec toute organisation, personnalités engagées dans le combat anti-impérialiste. Elle invite la famille anti-impérialiste à travailler ensemble sur la base des projets concrets, pour faire reculer l’adversaire commun sur chacun de nos territoires.

Nous vous remercions. – Umoja Ni Nguvu.

 

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