Prof. Dr. Wangsuo Wu
Doyen de l’École de science et de technologie nucléaire, Université de Lanzhou, Chine.
(Cette présentation a été lue par le représentant de l’Institut Schiller Toni Kästner, à partir d’une présentation Power Point fournie par le Pr Wu, qui a dû se désister à la dernière minute.)
La formation de travailleurs qualifiés pour le développement pacifique le long de la Nouvelle route de la soie est l’une de nos tâches, puisque notre institut se trouve dans la capitale de la province de Gansu, Lanzhou, située aujourd’hui comme à l’époque au début de la Route de la soie et qui est étroitement associée à son développement. Ceci explique que cette présentation fait partie d’une série de discours prononcés sur le passé et l’avenir de la Route de la soie.
Mais que signifie le nucléaire ? Nous pouvons répondre à cette question de plusieurs manières.
Dans le passé, nucléaire signifiait « armement », « menaces » et autres choses de ce type. Dans l’avenir cependant, nucléaire signifiera seulement « paix » et « énergie durable ». C’est pourquoi nous allons aborder cette question dans le contexte du développement de la Route de la soie.
Dans l’écriture chinoise, il arrive que deux caractères se prononcent de manière similaire mais prennent des significations différentes. Le fait qu’ils se prononcent de la même manière démontre cependant qu’ils sont reliés d’une manière ou d’une autre. Pour moi donc, dans la langue chinoise, « énergie nucléaire » signifie « paix par le développement ». Et cela a été, après tout, l’idée fondamentale de la Route de la soie par le passé, et il en sera de même pour l’avenir.
La vision de l’avenir de la Chine
Il y a actuellement 19 réacteurs nucléaires en activité, regroupés sur 7 centrales. 28 gigawatts supplémentaires sont en construction, et d’ici 2020, 58 GW au total seront reliés au réseau. Et ils ne seront pas uniquement construits sur la côte est du pays, mais de plus en plus à l’intérieur du continent.
Dans cette entreprise, tout le travail vise un développement pacifique et durable de l’énergie nucléaire en Chine. Ainsi, le pourcentage du nucléaire dans la production totale d’électricité passera à 4 % d’ici 2020, 10 % en 2035, puis à 30 % en 2050, avec d’autres sources d’énergie renouvelable.
Pour atteindre cet objectif, La Chine doit développer et construire plus de centrales nucléaires. Mais je voudrais d’abord vous montrer pourquoi nous avons choisi le nucléaire :
- parce qu’il faut revoir, pour plusieurs raisons, l’usage du charbon en tant que source d’énergie ;
- pour éviter un conflit entre croissance économique et environnement ;
- pour mieux équilibrer les prix de l’énergie ;
- pour surmonter les limites inhérentes aux autres sources d’énergie, en termes de disponibilité et de compatibilité avec l’environnement ;
- pour stimuler la productivité de l’économie, en particulier grâce aux apports technologiques du secteur nucléaire.
Les défis auxquels nous sommes confrontés, dans cette entreprise, sont les suivants :
- la sûreté des installations ;
- la protection des installations contre le terrorisme, ainsi que l’émission de substances dangereuses ;
- la manutention des produits radioactifs ;
- la compétitivité économique, ainsi que sa soutenabilité.
Mais à part ces défis généraux, il y a également des défis qui sont plus spécifiques à la Chine. Parmi ceux-ci, il y a :
- la disponibilité des matériaux nucléaires et des ressources dans ce domaine ;
- la compétitivité dans la construction et l’installation de centrales nucléaires ;
- nos propres capacités d’innovation dans les technologies nucléaires ;
- la construction de centrales nucléaires dans les régions intérieures du pays ;
- la formation de travailleurs qualifiés dans le domaine de la science et de la technologie nucléaire.
Le dernier défi pour la Chine, concernant la formation de travailleurs qualifiés dans le nucléaire, est une tâche qui revient à notre université dans la ville de Lanzhou, située sur la Route de la soie. A quel point ceci est important pour la Chine, aujourd’hui, est montré par un coup d’œil rapide sur le passé, le présent et l’avenir de la science nucléaire en Chine.
- 1895-1942 : Premiers pas : fondation de la radiochimie et de la recherche nucléaire en Chine ;
- 1942-1986 : Âge d’or : construction, et emploi de techniciens du nucléaire ;
- 1986-2000 : Déclin ;
- 2000-2011 : Renaissance : formation de techniciens du nucléaire ;
- 2011- ???? : Fukushima
Après l’incident de Fukushima, nous ne savions pas dans un premier temps comment la Chine allait procéder, et si elle allait s’en tenir à son plan. Il y a eu par conséquent des discussions intenses entre les spécialistes. Ils sont arrivés à la conclusion que la Chine devra continuer à développer son énergie nucléaire.
La formation dans le nucléaire aujourd’hui
Tandis qu’au cours du siècle dernier nos universités ont hésité et dans certains cas ont même arrêté certains programmes nucléaires, nous avons maintenant relancé les programmes dans les domaines de la radiochimie, la technologie nucléaire, la physique nucléaire, la médecine nucléaire, etc.
Des développements similaires ont eu lieu dans certaines nombres d’institutions non universitaires. Nous devons reconnaître que le nombre de travailleurs du nucléaire dépend du nombre de centrales en activité. Il est clair par conséquent, qu’un développement plus rapide de la science et de la technologie nucléaire provoquera un accroissement des besoins en termes de personnel spécialisé, et ceci représente un défi, à savoir si nous serons en mesure de répondre à la demande.
Les domaines de spécialisation qui sont affectés sont la planification, la construction et l’opération de centrales nucléaires, ainsi que le cycle du combustible. Si le pays doit pouvoir répondre à cette demande, ceci exigera que le nombre de travailleurs qualifiés augmente jusqu’à 25 000 d’ici 2020. En raison du développement rapide des dernières années, la demande s’accroîtra jusqu’en 2015, puis ralentira et stagnera dans les années qui suivront. Ceci signifie qu’avant 2015, 1200 spécialistes seront formés : 350 ingénieurs dans la chimie des combustibles ; 330 ingénieurs dans le domaine des réacteurs ; 90 travailleurs dans les sciences fondamentales comme la radiochimie et la physique nucléaire ; 140 personnes dans la géologie, l’exploitation des mines d’uranium et la métallurgie.
A part les spécialistes dans la science et la technologie nucléaires à proprement parler, il faudra également former du personnel dans les domaines du financement, du droit et de la protection de l’environnement. Le défi est donc le suivant :
- former les travailleurs spécialisés requis ;
- former les professeurs,
- construire et moderniser les laboratoires ;
- inciter davantage les étudiants.
Des décisions politiques peuvent libérer toutes les institutions subordonnées. Il faut que le Congrès du peuple prenne des décisions, afin de fournir le financement à long terme pour ces programmes.
Des progrès ont déjà été accomplis :
- le gouvernement a déjà décidé un financement durable des programmes de formation dans les domaines de la science et de la technologie nucléaire ;
- des entreprises s’impliquent et partagent leurs installations avec les universités ;
- les universités travaillent au renouvellement de leurs départements et de leurs équipements.
Je peux dire pour conclure que l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire le long de la Route de la soie va stimuler la formation de travailleurs qualifiés dans le domaine de la science et de la technologie nucléaire. Le peuple chinois aime la paix, et espère construire un monde pacifique. Il faut donc garantir l’usage pacifique de l’énergie nucléaire, et nous espérons que tous les peuples du monde bénéficieront d’un développement pacifique.