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Prof. Michail Titarenko

Prof. Michail Titarenko

Prof. Michail Titarenko

Directeur de l’Institut d’études pour l’Extrême-Orient, Académie des Sciences


Cher professeur LaRouche, chère Helga,

A l’occasion du trentième anniversaire de l’Institut Schiller, je vous prie d’accepter mes congratulations et meilleurs vœux personnels, ainsi que ceux d’un grand nombre de chercheurs de l’Institut d’études pour l’Extrême-Orient de l’Académie des Sciences, qui connaissent votre travail et vos activités.

Depuis plusieurs années, vous et votre Institut avez accompli un travail d’une importance exceptionnelle pour forger un nouvel ordre économique international et un climat international meilleur.

Les projets de l’Institut Schiller, en particulier ceux portant sur la « Ceinture économique de la Nouvelle route de la soie », un « pont » eurasiatique de liaisons ferroviaires et la remise en état du système financier mondial, témoignent de votre profonde connaissance, de votre honnêteté scientifique et de votre courage civique et humain.

En ces temps difficiles, nous souhaitons bon succès à l’Institut Schiller dans la réalisation de ses initiatives, ainsi qu’une reconnaissance encore plus ample. A vous, personnellement, et à tous vos collègues, nous souhaitons bonne santé, une énergie créatrice redoublée, le bien-être spirituel et intellectuel et le bonheur total !

Respectueusement vôtre,
Mikhael Titarenko, académicien

Directeur de l’Institut d’études pour l’Extrême-Orient, Académie des Sciences, Moscou, Fédération de Russie.


Professeur Dr. Dieter Ameling: Le rôle de l’acier dans la Nouvelle Route de la Soie

Professeur Dr. Dieter Ameling

Président de la fédération allemande de l’acier (jusqu’en 2008), Essen, Allemagne


 


Panos Kammenos: La Grèce et la nouvelle route de la Soie

Panos Kammenos

président du parti Grecs Indépendants, Membre du parlement héllenique, Athènes

Audio


C’est un grand plaisir pour moi d’être ici avec vous aujourd’hui, et je remercie chaleureusement les organisateurs pour leur invitation.

Le sujet de mon discours sera la Grèce dans le cadre de la nouvelle Route de la Soie.

Comme il est bien connu de tous, au cours des cinq dernières années s’est manifesté ce qui se préparait dès la fin des années 70 : la domination du capitalisme financier sur les économies des Etats et notamment dans l’exercice de la politique nationale des pays.

La crise économique de 2008 s’est transformée en plus en une crise humanitaire qui a surtout touché les économies de la plupart des pays de l’Union européenne et les Etats-Unis. Parmi eux, la Grèce, mon pays, qui se trouvait déjà dans une situation économique vulnérable.

Mon pays est devenu membre de l’Union européenne à partir du 1er janvier 1981. La création de cette Union était, et je mets l’accent sur la conjugaison au passé du verbe « être », une des plus grandes réalisations politiques et économiques de l’Europe d’après-guerre, en mettant l’accent sur l’état social. La Deuxième guerre mondiale avait fait des ravages auprès des populations européennes, et la reconstruction passait par la création d’un havre de paix, où régnerait un capitalisme propice au développement d’une structure sociétale égalitaire. Cette œuvre initiale aurait dû voir son apothéose dans la création d’une monnaie commune, l’euro, qui était considérée comme le facteur qui aiderait le processus d’intégration de l’UE.

Cependant, la crise mondiale du crédit de 2008 a mis en évidence, de la façon la plus évidente, le fait que la zone euro n’avait aucune ligne de défense et n’était pas prête du point de vue politique, économique et monétaire à gérer la crise et la récession qui s’ensuivirent. La crise du crédit s’est transformée en crise de la dette de la zone euro. Autrement dit, la zone euro a échoué parce que le Traité non seulement ne prévoyait pas mais au contraire interdisait la rescousse d’un Etat membre par ses partenaires.

Je ne suis évidemment pas le seul à faire cet aveu. Le FMI lui-même a déclaré, en décembre 2013, que la zone euro était dans une situation pire qu’en 2008 alors que les États-Unis, d’où commença la crise mondiale, avaient pu, entre-temps, surmonter leurs problèmes et amorcer la reprise économique.

Les chiffres, chers amis, parlent d’eux-mêmes :

  • le taux de chômage dans la zone euro dépasse les 12%, les taux les plus élevés étant enregistrés en Grèce (27 %), l’Espagne, le Portugal et Chypre. Plus de la moitié des chômeurs sont des jeunes de 25 ans ou moins. En outre, la majorité des chômeurs sont des chômeurs de longue durée. Autrement dit, nous avons une économie qui ne crée pas d’emplois supplémentaires et, qui ne peut, a fortiori, plus intégrer dans les structures de production les jeunes qui ont des qualités et des connaissances.

La vision des citoyens de l’Europe pour une Union de l’Europe des citoyens s’est cruellement effondrée en 2008. C’est un constat triste, mais un constat néanmoins franc. L’Union européenne n’est aujourd’hui qu’une autocratie qui vise à hypothéquer les économies des autres États membres au système bancaire et à décomposer la souveraineté nationale. Dans l’actuelle Union européenne, les banquiers prennent les décisions politiques et économiques pour les gouvernements et les peuples d’Europe.

Qui plus est, la gestion unilatérale de la crise en Europe par l’Allemagne «réveille les fantômes de l’histoire » et son « rôle hégémonique menace de conduire à la catastrophe ».

Ce n’est point mes mots, chers amis, mes ceux d’un des plus grands penseurs politiques, l’Allemand Jürgen Habermas, qu’il a prononcés lors d’un discours récent à l’Université de Louvain en Belgique, tout en lançant un appel à une plus grande «solidarité» et «plus d’Europe».

Dans ce cadre, les Grecs Indépendants soutiennent les positions suivantes :

1. Le respect de la souveraineté des États membres de l’Union européenne. L’instauration d’une Union européenne d’égalité, d’autonomie et de solidarité, avec un statut juridique complet des institutions et des activités des États membres nationaux;

2. L’abolition immédiate des protocoles et des contrats d’emprunt;

3. Le repositionnement du Parlement européen dans le processus de prise de décision;

4. L’élaboration d’un projet européen de développement basé sur la justice sociale;

5. La lutte systématique contre la corruption;

6. La lutte systématique contre les «paradis fiscaux»;

7. Le traitement définitif de la crise de la dette dans la zone euro, selon un accord européen, similaire à celui de Londres de 1953, qui a finalement réglé la dette allemande;

8. L’adoption immédiate et l’émission par la Banque centrale européenne de l’Eurobond;

9. La mise en place immédiate d’une agence européenne de notation de la solvabilité des États membres

10. L’introduction de la taxe sur les transactions financières;

11. La séparation du secteur bancaire commercial des activités d’investissement;.

12. La lutte systématique contre le chômage et, en particulier, celui des jeunes gens;

13. Le rétablissement de l’État-providence;

14. La lutte contre le néonazisme;

15. Le repositionnement envers le problème de l’immigration par la modification immédiate des termes du traité de Dublin II.

Mon pays constitue un noyau de stabilité, de sécurité énergétique et de paix dans la région élargie de l’Europe du Sud et peut être un pont de communication et de compréhension entre l’Est et l’Ouest.

Notre adhésion à l’OTAN et à l’Union européenne ne nous empêche pas d’entretenir des relations politiques, économiques et culturelles étroites avec d’autres pays, en particulier avec ceux avec qui nous avons des liens historiques tels que la Russie et la Chine. Au contraire, il convient de développer ces relations dans le cadre des intérêts stratégiques plus généraux tant de l’Occident que de l’Orient.

La question qui se pose est la suivante: Est-il possible que les voies maritimes et terrestres de la soie aident à la reprise économique du continent européen et de l’Europe du Sud-Est et de l’Afrique du Nord?

La Grèce antique a joué un rôle historique dans le développement économique, culturel et politique du monde alors connu. Il a été le centre des routes commerciales mondiales et du développement économique des pays allant de la péninsule balkanique jusqu’à à la mer Baltique au nord, la Russie et le sous-continent indien à l’est, et les pays de la Méditerranée et du continent africain au sud.

A notre époque, nous sommes témoins d’une résurrection de la Route de la Soie, tant au niveau terrestre que maritime. La mise en œuvre de ce plan majestueux présente une possibilité pour la Grèce de reprendre son rôle historique dans la région et d’asseoir de façon quasi-permanente, sa position géopolitique en tant que pilier du développement économique vers toutes les régions susmentionnées.

Le développement de ces nouvelles routes commerciales permettrait un essor des différents moyens de transport, dû à la multiplication des biens à transporter. En amont, ceci signifierait un développement quasi-certain des infrastructures grecques, tant pour le rail, que pour les infrastructures routières et portuaires.

Le futur de la Grèce pourrait être meilleur, si une orientation stratégique était prise pour tisser des liens avec quelque-unes des économies les plus dynamiques au monde et pour trouver, ainsi, de nouvelles sources de support économique. Un de ces pays, mis à part la Russie, est la Chine.

Ceux qui ont une connaissance de la Chine et de ses besoins savent que pour ce pays gigantesque, la Grèce joue un rôle prépondérant dans la région. Non seulement pour des raisons historiques et culturelles, mais aussi pour des raisons économiques, car la Grèce est le conduit le plus économique pour les exportations chinoises, dans leur transit vers le reste de l’Europe, la péninsule arabe ainsi que l’Afrique du Nord.

Chers amis,

A ce point, je voudrais vous informer que la Chine se trouve déjà en Grèce.

Lors de mon mandat de secrétaire d’Etat à la Marine Marchande, j’ai signé en novembre 2008 l’accord entre l’Organisme du Port du Pirée et le groupe Chinois COSCO, pour la concession, pour une durée de trente ans, d’une partie de la gare de containers du Port du Pirée.

Ce dernier s’est consacré comme la passerelle du commerce Est/Ouest et a permis à la Grèce de solidifier sa présence en tant que centre économique de l’Europe du Sud Est, et de la Méditerranée en particulier, dans une période particulièrement précaire pour les pays du Moyen Orient et de l’Afrique du Nord. De plus, le port acquiert un rôle stratégique dans le transport de marchandises en provenance de la Chine vers l’Europe et vice-versa.

Il y a quelque mois, en juillet 2014, un nouvel accord a été signé avec le groupe COSCO, qui investira 230 millions d’euros dans le port. Avec cet investissement, le port du Pirée deviendra effectivement le plus grand port de la Méditerranée et pourra accroître sa capacité de 3,7 millions de containers à 6,2 millions de containers par an.

Entre-temps, une étude récente montre que le chiffre d’affaires des entreprises qui siègent au Pirée atteindra les 1,5 milliards d’euro annuels, alors que le revenu garanti, pour le port est de 3,4 milliards d’euro. Enfin, 800 emplois vont être créés grâce à cet investissement.

Dans cette optique-là, la liaison du port avec l’infrastructure ferroviaire, qui a été effectuée l’année dernière, garantit que les marchandises arrivant au Pirée seront acheminées rapidement vers les marchés de l’Europe centrale. De même, les marchandises en provenance des usines d’Europe peuvent partir plus rapidement et à moindre coût vers toutes les autres destinations du monde.

Je voudrais, à ce stade, ajouter que l’intérêt commercial de la Chine se concentre sur les plans d’agrandissement de Cosco pour le port du Pirée et le développement de la structure ferroviaire ; néanmoins, ces intérêts n’excluent pas la possibilité de futurs investissements dans des infrastructures similaires ailleurs en Grèce (par exemple Patras) .

Le Pirée s’est donc établi en tant que passerelle du commerce Est/Ouest et son rôle de centre économique de la Méditerranée et de l’Europe du Sud Est s’en retrouve fortifié.

La Grèce ne se résumant néanmoins pas qu’au Pirée, il existe d’autres ports en Grèce qui peuvent bénéficier de la Route de la Soie. Un exemple probant est le port d’Igoumenitsa, sur la mer Adriatique, un des ports les plus importants de la région avec un transit de passagers de l’ordre de 200,000 personnes et 120,000 camions par an. Grâce à son accès facile vers l’Egnatia Odos, l’autoroute qui lie la Grèce aux pays des Balkans, le port d’Igoumenitsa donne un accès probant aux marchandises chinoises vers ces pays.

De plus, si l’étude chinoise qui vise à lier le Danube avec le port de Thessalonique via Belgrade venait à se matérialiser, nous aurons alors un accès direct de Thessalonique vers le cœur de l’Europe, et en passant par le Rhin, vers les ports d’Anvers, de Rotterdam et de Hambourg.

Un autre positionnement stratégique pourrait être la liaison, à travers la mer Caspienne, du Pont-Euxin avec l’Asie centrale, la Sibérie d’un côté, et l’Irak, l’Iran et le sous-continent Indien de l’autre.

Enfin, dans un futur proche, lors de l’agrandissement du détroit de Suez, et en combinaison avec le plan chinois pour le Danube, la Grèce sera la plaque de transit pour les produits chinois, tout en réduisant les coûts et les temps de transport.

Chers Amis,

Le parti dont j’ai l’honneur d’être à la tête, les Grecs indépendants, a déjà mis en place un plan national de reconstruction et de développement qui prévoit, entre autres :

  • La mise à niveau de l’Organisme des Chemins de Fer de Grèce, pour que l’entièreté de la Grèce soit couverte d’une infrastructure moderne, permettant un transport moins cher, plus rapide et surtout plus sécurisé. L’axe Patras-Athènes- Thessalonique–Promachonas est désuet et doit être revu d’urgence.

  • Une aide immédiate aux échanges commerciaux grâce à l’ouverture vers de nouveaux marchés et un renouveau d’intérêt des investisseurs grâce à des stimulants économiques réalistes et réalisables.

  • La mise en place d’un environnement stable et propice à l’investissement grâce à un cadre fiscal stable (ayant une durée constitutionnelle de dix ans), la lutte contre la bureaucratie et la corruption, la réduction des coefficients fiscaux et la réduction du temps d’implémentation de l’investissement.

  • La création d’une zone franche pour la marine marchande, sauvegardée dans la constitution, et la création, dans cette zone franche, d’un Centre de la Marine Marchande.

– La concession de zones industrielles inactives a des investisseurs hors UE, sur la base de coefficients de taxations faibles, sous la condition que ceux-ci mettent en avant un plan de 20 ans pour l’emploi de chômeurs.

Je voudrais aussi vous attirer l’attention sur le fait que, mis à part les relations économiques et commerciales qui vont se développer au travers de la Route de la Soie, les relations culturelles et politiques s’en trouveront grandies. Nous pourrons enfin parler d’un monde nouveau, basé sur un respect mutuel remontant au temps antique et qui voit sa renaissance dans cette première moitié du 21e siècle.

La « diplomatie de la Soie » n’est qu’une question de temps et tous les éléments que je viens de mentionner ne seront que le symbole de cette coopération élargie qui apportera sa pierre à l’édifice de la stabilité mondiale et la promotion de la paix.

Je vous remercie de votre attention.


Professor Enzo Siviero: Der Brückenschlag über das Mittelmeer

Prof. Enzo Siviero

Mitglied des italienischen Nationalen Rats der Universitäten, Venedig, Italien.


 

 


Ray McGovern: Combien de temps l’Europe va t-elle danser au diapason de Washington ?

Ray McGovern

Co-fondateur du groupe Veteran Intelligence Professionals for Sanity (VIPS), USA

Audio (Englisch)


J’ai été très ému par le Die Schöpfung, (La Création) d’Haydn, qui a été chanté ce matin. Et il faut se rappeler qu’avant l’extrait qui a été chanté, où il est question de« eine neue welt » [un nouveau monde], et de « Ordnung keimpt empor » (le désordre précède l’ordre), il y a une introduction presque silencieuse, très sombre et très émouvante, où est chanté : « und Gott spracht : Es werde Licht ! Und es ward Licht. » (et Dieu dit : « que la lumière soit ! » Et la lumière fut.)

« Eine neue Welt ». Je pense que nous sommes tous là pour ça ; créer les conditions qui pourront nous empêcher de sombrer dans le type de choses qu’on voit se développer depuis 12 ans environ, resurgissant des pires moments du XXe siècle.

Laissez-moi commencer par remercier ceux qui m’ont invité, et tout particulièrement pour la musique. Je voudrais remercier également mon prédécesseur, le Colonel [Alain Corvez], qui a posé les bases de ce que je vais dire et qui l’a mieux fait que ce que j’aurais pu faire moi-même ; je tiens à m’associer à tout ce qu’il a dit. Il faut dire que ceux qui dirigent actuellement notre politique au Moyen-Orient sont vraiment très bons pour la rhétorique, mais qu’ils sont nuls en matière de bon sens. Il est amusant, par exemple, de voir les allitérations qu’ils utilisent systématiquement. Rappelez-vous ce qui avait été dit contre les Talibans. On nous assurait qu’on allait « les affaiblir, les réduire et les détruire. » C’était en 2009. Aujourd’hui, nous allons affaiblir – on ne parle plus de réduire – et finalement détruire al Qaïda et l’Etat Islamiste ; et ainsi de suite…

Et comment allons-nous faire cela ? Eh bien, le Colonel a fait à ce sujet quelques remarques pertinentes ; mais la plupart des commentaires sont vraiment malsains, comme par exemple : on ne s’inquiète pas du fait que l’EI soit sur le point de s’emparer de l’aéroport, où de la province d’Anbar à l’ouest ; la seule chose qui nous préoccupe est le fait que cela soit proche de Bagdad.

Mais où est-on ? Ils affirment que l’EI est aux portes de Bagdad, tout en minimisant ce que cela implique car, pour le dire franchement, ils ne savent pas quoi faire. Le Président dit : « pas de bottes sur le terrain », mais tout le monde reconnaît qu’il va falloir des bottes sur le terrain. La question est : Quelles bottes ? Qui va les envoyer ? Les Turcs ? Je ne pense pas. A qui donc doivent être ces bottes ?

Notre politique dans cette partie du monde est donc une déroute totale ; des amateurs sont aux commandes. Si David Patraeus, ce Général qu’on considère aujourd’hui comme le sacro-saint patron de la contre-insurrection, n’arrive pas à entraîner l’armée irakienne sans qu’ils déguerpissent dès que les combattants de l’EI leur tirent dessus avec un AK-47, alors personne ne peut le faire. Je dis cela avec ironie, bien sûr. Ce n’est pas vraiment de la faute de Petraeus : difficile d’entraîner des gens à tuer leurs cousins ! C’est aussi simple que cela ; et si on n’a pas retenu cela de la guerre au Vietnam, alors on est vraiment des demeurés. Un travail d’amateurs…

La fin du Traité de Westphalie

J’aimerais maintenant élargir le champ de discussion et parler du Traité de Westphalie, qui a été évoqué plus tôt par Mme Helga Zepp-LaRouche. C’est fini, les gars ! Ce traité est terminé ! Désormais le monde est dominé par des superpuissances, plus besoin de ce genre de traités. Et cela nous renvoie à autre chose que nous allons célébrer l’an prochain. Un indice : ce sera le 800e anniversaire. De quoi s’agit-il ? La Magna Carta. Comment allons-nous fêter laMagna Carta ? On dira : « Oh, quelle élégance, ces gentlemen anglais qui font face au Roi Jean pour lui ravir ses droits. C’est bien, mais c’était une autre époque. On va donc faire des sortes de funérailles, pour dire que la Magna Carta est bien morte, tout comme le Traité de Westphalie, ou encore le Habeas corpus ! C’était une idée un peu vieillotte ; on la jette donc par-dessus bord. Plus besoin de la respecter, ou d’agir en fonction. »

La situation s’est vraiment dégradée. La première leçon de sagesse serait d’apprendre des erreurs du passé, de comprendre ce qui a rendu les choses pires qu’elles ne l’étaient.

Il faut vraiment que je me retienne de rire quand j’entends notre Président Barak Obama dire à l’ONU : « Les trois plus grandes menaces dans le monde sont Ebola, l’agression russe et l’EI. » Wow ! L’agression russe ! Poutine a répondu cette semaine, disant : « Tous ceux qui ne comprennent pas que tous les problèmes récents en Ukraine découlent du putsch, du coup d’État du 22 février, ne vivent pas dans le monde réel. » C’est là que tout a commencé !

A propos de la Crimée, on m’a demandé sur la BBC :

M. McGovern, que pensez-vous du fait que Poutine ait annexé la Crimée ? De son agression ?

Mais pourquoi ne me parlez-vous que du second round ?

Je vous demande pardon ?

Pourquoi commencez-vous au milieu de la bataille ?

Que voulez-vous dire ?

Que tout a commencé le 22 février, avec le putsch ! Il y a eu un coup d’Etat ! C’est là que ça a commencé ! Il n’y a pas l’ombre d’une preuve que Poutine ou quiconque de ses associés n’ait une seule fois songé à prendre la Crimée avant le 22 février ; après, tout cela faisait sens, compte tenu de ce qui venait de prendre le pouvoir à Kiev, sous la supervision de Victoria Nuland, notre Secrétaire d’Etat aux Affaires européennes, qui a utilisé le mot « F » (que certains d’entre vous connaissent) au sujet de l’Union Européenne. Elle a dit « F_ l’UE ». Comment Angela Merkel a-t-elle réagi ? Comment les autres pontes de l’UE ont-ils réagi ? Nous n’avons la trace d’aucune de leur réaction.

Ah bon, d’accord…

Quand les pays de l’UE vont-ils enfin devenir adultes ? La guerre s’est terminée il y a 70 ans, les gars. Nous aussi, Américains, ferions bien de grandir. Pourquoi ? Parce que nous devons vous aider à comprendre ce qui arrive quand on s’en prend à la Magna Carta, au Traité de Westphalie, et à notre propre Constitution. Je n’exagère pas.

Fascisme, version moderne

J’étais vivant lors de la seconde Guerre mondiale et, même si j’étais petit, je me souviens des célébrations d’après-guerre ; je me souviens que lors de ma première visite en Europe avec mon école, j’avais remarqué à quel point les Européens étaient reconnaissants. Et bien, maintenant c’est votre tour. Cette fois-ci, je vais devoir prononcer le mot « f », en minuscules, pour « fascisme ». Les gens identifient généralement le fascisme avec les camps de concentration. C’est un problème, car en fait le fascisme en est tout à fait distinct et séparé.

J’aimerais maintenant passer quelques vidéos afin de vous montrer comment ce fascisme est personnifié par certains de nos dirigeants ; l’un d’eux a été le directeur de la NSA, puis de la CIA pour « services rendus », et maintenant c’est une grande gueule, comme on dit chez nous (« a big talking head »). Il est invité régulièrement sur CNN, Fox News, pour donner des explications sur tout ce qui se passe. Il s’agit de Michael Hayden. Ironiquement, il a le même nom que le bon Joseph Haydn, avec qui nous avons débuté la matinée.

Hayden raconte pourquoi ils ont violé le 4e Amendement, qui protège tous les citoyens américains contre les persécutions ou saisies illégales. Le voici interviewé par Jonathan Landsay, un de ces magnifiques grands reporters :

Jonathan Landsay : D’après ce que j’en sais, le 4e Amendement de la Constitution affirme que le droit des citoyens d’être protégés contre les perquisitions et saisies non motivées ne sera pas violé. Est-ce que…

Hayden : Non, en fait le 4e Amendement nous protège contre des persécutions ou saisies déraisonnables.

Mais…

C’est ce qui est écrit.

Le critère est plutôt « non motivées », me semble-t-il.

L’Amendement dit « des perquisitions et saisies déraisonnables. »

Mais n’est-il pas écrit « non motiv…. »

Non, l’Amendement dit…

Citez-moi le terme légal…

… « perquisitions et saisies déraisonnables ».

Le terme légal est « non motivées »…

Okay, soyons clair : s’il y a bien un amendement de la Constitution que les employés de l’Agence de Sécurité Nationale connaissent, c’est bien le 4e, et le critère est « déraisonnable. »

Le présentateur de MSNBC : « Voici ce que le 4e Amendement de la Constitution américaine, que le Général (Hayden) et la NSA prétendent connaître sur le bout des doigts, dit dans son intégralité : « Le droit des citoyens d’être garantis dans leur personne, leur domicile, leurs papiers et effets, contre les perquisitions et saisies non motivées ne sera pas violé, et aucun mandat ne sera délivré, si ce n’est sur présomption sérieuse, corroborée par serment ou déclaration, ni sans que le mandat décrive particulièrement le lieu à perquisitionner et les personnes ou les choses à saisir. » On doit peut-être en déduire que les gens de la NSA ont une différente Constitution.

En effet, les gens de la NSA ont leur propre Constitution. Et devinez quoi : cette discussion a eu lieu au National Press Club, donc en présence d’un certain nombre de journalistes, mais aucun n’a publié un seule ligne le lendemain. Oui, les choses sont devenues mauvaises à ce point.

Voyons maintenant le Directeur du renseignement national James Clapper, questionné par le Sénateur démocrate Ron Wyden, le 12 mars 2013 :

  • [Sénateur Wyden] : Nous voudrions vous entendre à votre tour, M. le Directeur Clapper, à propos des surveillances. L’été dernier, lors d’une conférence, une question a été posée au directeur de la NSA, sur les actes de surveillance des Américains par la NSA. Voici sa réponse : « la rumeur prétendant que nous avons des dossiers sur des millions, ou des centaines de millions d’Américains, est complètement fausse. »
    La raison pour laquelle je vous pose cette question est que, ayant servi au sein de cette commission depuis maintenant 12 ans, je ne vois vraiment pas ce qu’est un « dossier » dans ce contexte.
    J’aimerais donc que vous me répondiez par oui ou par non à la question suivante : est-ce que la NSA collecte toutes sortes de données sur des millions, ou des centaines de millions d’Américains ?
  • [Directeur Clapper] : Non, monsieur.
  • [Wyden] : Elle ne le fait vraiment pas ?
  • Pas sciemment. Il peut exister des cas, peut-être, par inadvertance, mais jamais sciemment.
  • Merci. J’aurai des questions additionnelles à vous poser par écrit sur ce point, mais je vous remercie pour la réponse.

Vous pensez peut-être que James Clapper a été limogé immédiatement après avoir menti sous serment ? Et bien non. Un an et demi après, il est toujours directeur de la NSA. Le même ! Et qui est toujours la grande gueule sur CNN ? Qui va-t-on trouver pour avoir des explications sur ce type de questions ? Le Général Hayden !

Les renards sont chargés de garder le poulailler. Et notre président ne veut pas se confronter à ses propres services de sécurité et, d’une certaine manière, à ses propres généraux.

La loi martiale aux Etats-Unis

Qu’est-ce que tout cela nous révèle sur la situation interne des Etats-Unis ? Que le traumatisme du 11 septembre continue d’opérer, que le peuple américain subit le terrible poids des médias de masse et ne sait plus vraiment ce qu’il faut croire. Quand on leur dit que l’EIIL est une menace pour leur pays, ils ont tendance à le croire parce qu’ils ont peur. On pourrait penser qu’après 12 ans la peur s’est estompée, mais non. Et certains jouent là-dessus. Des avocats, souvent distingués, sont chargés de réécrire les lois, ou de pousser les gens à aller dans un certain sens.

J’ai un ami qui s’appelle Todd Pierce ; c’est un avocat qui défend des détenus de Guantanama – il a été un des rares avocats à avoir obtenu la libération d’un de ses clients, reparti ensuite en Afrique ; il affirme que sous le régime nazi, la loi était utilisée pour imposer la loyauté absolue au Führer et à l’Etat. Tout le reste était considéré comme une trahison.

Ernst Fraenkel a bien décrit comment ça fonctionnait : la loi martiale servait de constitution au IIIe Reich. Et elle allait de pair avec un système de surveillance, nécessaire pour traquer les ennemis de l’Etat.

Combien d’entre vous connaissent un livre, écrit sous forme de journal personnel, par un certain Raimund Pretzel, Haffner de son pseudonyme ? C’était un avocat vivant à Berlin ; en 1933, il observait tout ce qui était en train de se passer pendant sa formation pour devenir juge. Il raconte qu’il se rendait à son bureau, au milieu des agitations des chemises brunes, et demandait à ses collègues : « Tout cela ne vous dérange pas ? » Et ils lui répondaient : « Oh non, le Reichstag a été brûlé, nos bureaux vont certainement bientôt être inspectés, nos téléphones vont être mis sur écoute, et les libertés publiques vont être bafouées. Et alors ? Mais vous, que faites-vous avec ce Neues Deutschland ? Pourquoi lisez-vous cette propagande communiste ? »

Raimund Pretzel décrit que les Allemands observaient tout cela comme s’ils étaient assis au balcon, dans un théâtre.

J’ai bien peur que la plupart des Américains soient dans cet état d’esprit par rapport à ce qui se passe dans leur propre pays, alors que c’est précisément la loi martiale qui y règne. Vous ne voulez pas le croire ? Et bien, détrompez-vous ! C’est on ne peut plus vrai. La loi martiale. Nos juristes, qui se réfèrent à nouveaux à l’héritage de notre Guerre civile, affirment que dans le cadre de la loi martiale actuellement en vigueur dans ce pays, est considéré comme crime « tout acte d’hostilité contre le pays, le gouvernement, ou toute administration, mettant en difficulté, gênant ou interférant avec nos opérations militaires ou navales ». Wow !

Donc, si vous gênez le gouvernement, vous êtes susceptible d’être envoyé à Guantanamo ? Ça sonne bizarrement, n’est-ce pas ? Mais, selon la loi, un membre de l’armée américaine pourrait tout à fait être envoyé ici depuis Wiesbaden ou Mannheim pour m’arrêter, et me mettre en prison, sans procès, sans inculpation, sans jury. Je sais que ça paraît difficile à croire, mais c’est pourtant vrai ; c’est légal, vous comprenez ?

Sans action, il ne se passera rien

Alors, que faire ? Tout d’abord, nous pousser impérativement à tout faire pour exposer cette dérive, afin que les gens sachent ce qui est en train de se passer ; il faut mouiller la chemise. Cesar Chavez, l’un des grands dirigeants des droits civiques disait souvent : « Vous savez, les textes, c’est bien, les discours, c’est encore mieux ; mais sans action, il ne se passera rien. »

Qu’est-ce que je veux dire par là ? Que nous devons nous inspirer des exemples passés. Je pense par exemple à Sophie Scholl – et je vois beaucoup de jeunes gens ici ; elle avait 21-22 ans quand elle a été arrêtée suite à une manifestation non-violente contre le régime nazi, à l’Université de Munich ; et vous savez comment ils l’ont tuée ? A la guillotine. Les Allemands ont dû apprendre cela des Français, je suppose.

Ensuite, vers la fin de la guerre, les nazis sont en quelque sorte devenus plus civilisés : ils avaient deux méthodes pour tuer, une balle ou la corde, comme on le voit avec l’exécution de Dietrich Bonhoeffer. Quand elle a compris ce qui était en train de se passer, Sophie s’est laissée guider par sa conscience ; en tant que luthérienne, c’était une femme très pieuse, très dévouée.

J’aimerais maintenant citer Kurt Vonnegut, l’un de nos meilleurs romanciers. Un jour, la question suivante lui était posée : « Que pensez-vous de Jésus de Nazareth ? » Il avait répondu : « Et bien, je ne sais pas s’il était Dieu ou pas, mais je pense que s’il n’était pas allé sur le Mont des oliviers, aujourd’hui je ne vaudrais pas mieux qu’un cafard. »

On me dit souvent : « C’est vrai, il y a des principes moraux de base, les gens savent ce qui est bien ou mal ; on comprend qu’être un disciple de Jésus, qui a été torturé à mort, a peut-être un sens particulier pour vous, McGovern, mais nous n’avons pas besoin de cela pour comprendre ce qui est bien ou mal. »

Et voici ce que disait Marthin Luther : « Je peux prêcher haut et fort chaque partie de la vérité de Dieu, mais si je laisse le monde et le diable mettre à mal un seul point de cette Vérité, aussi petit soit-il, alors je ne prêche pas le Christ, quelque soit la hardiesse que j’y mette. C’est là où la bataille fait rage, que la loyauté du soldat est éprouvée ; toute personne se contentant d’être présente sur tous les autres lieux du champ de bataille, sans être présente là où la bataille se joue, ne fait que se dérober dans la honte et la disgrâce. »

Sophie Scholl ne s’est pas dérobée. J’ai été étonné de voir à quel point je ne savais presque rien sur elle, alors que j’ai vécu à deux pas de chez elle, à Stadelheimer Gefängnis, à München, puis à deux pas du lieu où elle a été enterrée. Pendant toutes ces années, je n’étais pas conscient que je vivais aussi proche d’elle.

Il y a beaucoup d’espoir

Le temps passe, et il faut que je conclue, en disant quelques mots sur ce que nous devrions faire.

Je me suis fait molester pour avoir tenté de présenter le dos à Hillary Clinton, tandis qu’elle était Secrétaire d’Etat : je me tenais simplement là, silencieux, sans pancarte ou quoi que ce soit d’autre, et j’ai été battu, assez brutalement. Mes collègues des Veterans for peace ont envoyé l’information à la presse, disant : « McGovern a 71 ans ; cela fait longtemps qu’il est dans le circuit, il a servi au sein du gouvernement, il a été amené à briefer plusieurs Présidents, etc. »

Les journalistes n’ont pas attaché beaucoup d’importance à « briefer plusieurs Présidents », par contre ils ont retenu le « 71 ans ». Et vous savez quoi ? Je ne sais pas comment cela se passe ici en Europe, mais aux Etats-Unis, les gens n’aiment pas quand une vieille personne se fait malmener. Comment est-ce que je sais cela ? Et bien, Hillary Clinton a reçu des milliers et des milliers d’appels téléphoniques, de fax et ces courriels disant : « Pourquoi battez-vous ce vieil homme ? » Fox News a raconté qu’« une personne âgée a été raccompagnée à la sortie ». Regardez un peu comment j’ai été « raccompagné » à la sortie…

[Vidéo]

Je tiens à dire à mes compagnons d’âge, dont je vois certains dans la salle, que vous avez un avantage ; si vous avez quelques cheveux gris sur la tête, alors mouillez la chemise ! Les gens n’aiment pas quand de vieilles personnes se font maltraiter. Les jeunes se disent que ça finira par leur arriver à eux. Alors, mouillez la chemise, utilisez vos atouts.

Quand à vous les jeunes : inspirez-vous des beaux exemples, comme Sophie Scholl, Bradley Edward Manning, aujourd’hui Chelsea Manning, qui avait 22 ans quand il a fait ce qu’il a fait, ou encore Edward Snowden, 29 ans. Il y a donc beaucoup d’espoir.

J’ai grand espoir que nous sortirons du marasme dans lequel nous nous trouvons, car non seulement les jeunes d’aujourd’hui sont plus courageux, du moins pour un petit nombre d’entre eux, mais surtout ils sont techniquement plus compétents ; il faut des milliers de jeunes gens très compétents pour bâtir une bonne société. Et, avec un Edward Snowden sur mille, ceux qui voudraient contrôler le monde sont bien embarrassés. Alors, si vous avez une conscience, faites en sorte de l’ouvrir haut et fort, faites en sorte de vous organiser avec une petit groupe de personnes motivées, de vous réunir pour réfléchir à ce qu’il faut faire, et pour décider qui va le faire.

Pour finir, je voudrais vous montrer deux images. Voici ce que nous avions l’habitude de voir au Vietnam ; voici ce qui arrive quand un pays, qui a subi un traumatisme, envoie de pauvres gars se battre dans un autre pays sans raison valable. Cette photo a été prise dans la ville de Tal Afar, en Irak, au début de la guerre. Cette petite fille était assise sur le siège arrière de la voiture ; son père et sa mère ont été tués par des soldats américains qui pensaient faire face à des ennemis… Le sang que vous voyez est celui de ses parents. Elle a également perdu, je crois, quatre de ses frères et sœurs. Maintenant, regardez cette botte : un des soldats est là, près d’elle… Qu’est-ce qui s’est passé dans la tête de ce jeune homme ? Elle avait six ans. Elle a survécu ; c’est la seule de la famille à avoir survécu.

Voyons maintenant la seconde image. On est tous émerveillés face à des enfants. Il s’agit de deux cousins qui viennent d’avoir un petit frère. C’est cela que nous devrions souhaiter pour nos pays et pour le monde, et non la première image que je vous ai montrée. Gardons ces deux images en mémoire et rappelons-nous que ce n’est pas parce que des personnes sont différentes de nous qu’elles ne doivent pas être considérées comme pleinement humaines et ne méritent pas la même attention que nos propres enfants.

C’est tout ce que je voulais vous dire, et je vous remercie beaucoup pour votre attention.

 


Alena Petrova:

Alena Petrova

Geschäftsführerin von „Art Assemblee Agency“, Russische Kulturtage, Baden-Baden


 


Jacques Cheminade: L’identité de l’Europe : l’avantage d’autrui dans le nouveau paradigme

Jacques Cheminade

Président de Solidarité et Progrès, Paris, France.


Laissez-moi commencer avec quelque chose que je n’avais pas prévu : il s’agit deFidelio, l’opéra le plus cher à mon cœur, le seul aussi qui se termine de « manière heureuse ». Il n’est pas comme les autres pièces, les meilleures d’entre elles, où vous quittez la salle pensant à l’échec du héros ou de l’héroïne, à la fin tragique, et où vous vous sentez mis au défi de faire mieux qu’eux. Ici, dans Fidelio, il ne s’agit pas d’une « fin heureuse » parce qu’il vous laisse dans un état de confort individuel, un confort social entropique, mais heureuse parce qu’il montre que si vous rassemblez votre courage et votre esprit, vous pouvez dépasser votre destin : et c’est ce que nous avons tous la possibilité de faire, comme Léonore, car nous sommes tous des êtres humains.

Cela ne nous est pas seulement donné, mais c’est une exigence qui nous est posée : ce qu’a fait Leonore pour son mari, elle l’a fait pour l’humanité, menant les gens présents sur scène au combat pour un monde meilleur. La fin heureuse est en réalité le futur que nous devons créer, surtout dans des situations de vie ou de mort comme celle dans laquelle se trouve aujourd’hui plongée l’humanité. Voilà pourquoi la fin heureuse de Fidelio ne nous laisse pas au repos, comme dans quelque soap opera . Bien au contraire, il demande que l’on dise la vérité et que l’on se batte pour elle, même si cela implique de mettre sa vie en danger, comme le firent Léonore et Florestan. C’est comme si Beethoven avait composé cet œuvre pour nous, ici et aujourd’hui, nous obligeant à être véridiques face à notre moment de l’histoire.

Parlons donc vrai et franc, avec des paroles lourdes.

L’Europe, telle qu’elle est aujourd’hui, est une espèce en voie de disparition, un mort-vivant. Il n’y a aucun espoir pour une Union européenne fondée sur le principe oligarchique du désavantage pour ses Etats-membres et ses peuples, et de l’avantage pour la City et Wall Street.

Il n’y a aucun espoir pour une Union européenne qui non seulement étend l’oppression aux autres pays, mais qui opprime ses propres citoyens et l’économie de ses membres. Notre mission immédiate est par conséquent de libérer l’Europe, ici et maintenant, de ses fers financiers et de l’oppression culturelle.

Il est ironique de penser que ce sont les pays qui ont été soumis au pouvoir des puissances européennes qui représentent aujourd’hui notre espoir pour nous libérer de nos oppresseurs. Je parle ici des BRICS, non pas en tant que groupe de pays repliés sur eux-mêmes mais, comme l’a affirmé Narendra Modi, un concert de nations agissant dans l’intérêt mutuel et au bénéfice de tous ses membres ; ouvrant ainsi la voie, dans cette période tragique que nous vivons, à un meilleur futur basé précisément sur l’idée que le développement ne peut être que mutuel et fondé sur les réalisations scientifiques de l’esprit créateur humain. C’est pourquoi cette conférence a été conçue comme un orchestre d’interventions en provenance de diverses parties de l’humanité, un travail en cours conçu jouer de la musique, à l’opposé de la cacophonie de la compétition et du bruit et de la fureur qui dominent un monde en voie d’auto-destruction.

Regardez les événements se déroulant sous nos yeux : une combinaison d’épidémie de barbarie, de crimes contre l’humanité commis en Asie du Sud-ouest, et d’épidémie biologique, Ebola, une nouvelle peste noire en puissance : telle est la menace à laquelle se trouve confronté l’ensemble de notre civilisation. Ces deux maladies capables d’éliminer des sociétés entières ne sont pas limitées à une seule région du monde : elles menacent de se propager dans le secteur développé, et en Europe en particulier. Les djihadistes du Londonistan, du Parisistan ou des autres « istans » en Europe sont sur le point de revenir en Europe pour violer et tuer. Déjà, en France, l’un d’entre eux a appelé tous ses frères et sœurs à tuer au hasard chez nous, « pour se venger des bombardements aériens conduits par les armées occidentales ». Nous avons joué avec le feu, et le feu revient pour nous brûler.

Selon les évaluations de l’Organisation mondiale de la santé, qui sont probablement en-dessous de la réalité, d’ici décembre Ebola aura contaminé entre 5000 et 10 000 personnes par semaine, et très bientôt 20 000. La plupart d’entre eux mourront probablement en raison du manque de soins adéquats en Afrique. Soumis à la domination du néo-colonialisme financier, fondé sur le triage des êtres humains, le continent africain est le plus pauvre et la partie la plus exploitée du monde, une situation qu’acceptent d’une manière ou d’une autre tous les pays européens. Et c’est sans parler des politiques constituant à isoler les malades qui, même si elles sont justifiées, visent à faire obstacle au commerce et au développement économique, ajoutant la faim à la maladie. Mais Ebola ne s’arrête pas aux frontières : nous avons créé le danger d’une propagation de cette épidémie à tous les continents. Elle a déjà contaminé des personnels soignants aux Etats-Unis et en Espagne, et peut se propager aux couches sociales défavorisées de nos propres pays, qui représentent une partie croissante de la population à cause des politiques d’austérité destructrices, et peuvent ensuite nous atteindre tous si rien n’est fait pour l’arrêter.

Je voudrais mentionner ici que nous ne sommes pas seulement confrontés à l’incompétence ou à un accident de l’histoire, mais au résultat de politiques voulues délibérément par une oligarchie européenne régnant au Royaume-Uni et à Bruxelles, et par les dirigeant de tous les pays européens. Ce système de gouvernance ne peut pas être réparé ni soigné, il doit être changé.

Vous avez été, ou serez confrontés à des extraits de déclarations du prince Philip d’Édimbourg et autres, comme celle, célèbre, où il affirme vouloir se réincarner, après sa mort, en virus pour réduire la population mondiale. D’autres peuvent être mentionnés, comme John Holdren, le principal conseiller d’Obama pour les questions scientifiques et technologiques, ou le célèbre écologiste français Jacques-Yves Cousteau, qui, comme ses collègues britanniques, souhaitait réduire la population mondiale à moins d’un milliard d’habitants. Ceci est criminel, mais il ne s’agit pas d’un crime commis par quelques individus seulement. Ce comportement criminel est inhérent au système impérial britannique et aux institutions de notre Union européenne. Pourquoi ? Parce qu’ils sont malthusiens. Leur conception de l’homme est celle d’un animal domestiqué : en haut, il y a ceux qui sont nés pour gouverner, et en bas les autres qui sont condamnés à être soumis. Une telle pensée malthusienne est incapable de concevoir le « développement » comme un objectif commun à toute l’humanité, partagé par ceux qui se sont engagés à se battre pour lui, et non pas cette idée criminelle selon laquelle l’un doit nécessairement se développer au détriment de l’autre, dans un monde de ressources inévitablement limitées. L’Europe doit par conséquent changer pour devenir une association d’Etats-nations vouée à l’avancement général de l’humanité.

Regardons comment l’Europe a été engendrée à la fin de la Seconde guerre mondiale. Elle fut fondée sur la base de trois principes généraux : le libéralisme financier, le libre-échange et le démantèlement des Etats-nations. Ce processus atteint son point culminant avec l’euro, un instrument d’auto-destruction induite. En conséquence nous avons, pour 2014 et 2015, des taux de croissance nuls, et même négatifs en termes physiques, et à cela s’ajoute l’exigence posée par Eurostat, l’Institut européen de statistiques, d’inclure les activités illégales dans le Produit national brut de tous les Etats membres. Cela comprend la prostitution, le trafic de stupéfiants, la contrebande de tabac et d’alcool, qui seront ainsi recyclés dans l’économie officielle et intégrés au PNB pour justifier une capacité d’endettement encore plus grande !

La chute estimée dans le pouvoir d’achat du salarié moyen en Europe depuis 2007 varie entre 5 % en France et en Allemagne, à 50 % en Grèce ! Deux livres publiés en France par Coralie Delaume, Europe, les Etats-Désunis, et Robert Salais, Le viol de l’Europe montrent clairement comment, de décision en décision, l’actuelle Union européenne a été délibérément organisée pour détruire les Etats-nations et empêcher les citoyens de participer au véritable processus de prise de décision. Nous avons été, au contraire, contaminés par un principe absolument opposé au « gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple » constituant le fondement de la Constitution américaine et l’article 2 de la Constitution française.

Ceci ne devrait pas nous surprendre, étant donné les origines de notre Union européenne actuelle. Elles remontent à la création du Comité pour une Europe unie et du Comité américain pour l’Europe unie, des organisations qui ont servi de conduit financier en provenance des services américains et britanniques, et par lesquelles ont transité les « idées » des fédéralistes européens. Les idées étaient britanniques, et le financement en dollar. Le Comité a été créé par Allan Dulles, le chef de la branche de Wall Sreet de la CIA, et par Duncan Sandys, le gendre de Winston Churchill. Ils étaient les parrains de cette Europe, accompagnés d’un français, Henri Frenay, l’ennemi juré de Charles de Gaulle, qui a organisé l’élimination de Jean Moulin, brisant ainsi le lien le plus ferme entre la France libre à l’extérieur et la Résistance à l’intérieur du pays. Le Congrès pour la liberté de la culture, financé par les fonds de contre-partie du Plan Marshall, a posé les fondements culturels qui ont permis d’imposer cette Europe pervertie. Jean Monnet et Robert Schuman se sont partagés la tâche, au profit de leurs amis à travers toute l’Europe, incluant ceux qui étaient actifs dans les couloirs du Vatican. Le péché originel, pour ainsi dire, de cette Union européenne, se trouve ici, et la forme que prennent ses enfants correspond aux souhaits de ceux qui en ont pris soin.

Laissez-moi dire quelque chose au sujet de l’état de la presse et des institutions économiques.

Sur la presse européenne : Udo Ulfkotte, un ancien rédacteur du Frankfurter Allgemeine Zeitung, l’un des principaux quotidiens d’Allemagne, a reconnu avoir été « éduqué à mentir, à trahir et à ne pas dire la vérité à la population », et décrit comment il était sous l’influence de la CIA. Il a déclaré que les journalistes des plus grands médias aux Etats-Unis et en Europe travaillent aussi, comme on dit, « sous couverture non-officielle » pour des agences de renseignement. Je le cite : « Je pense que c’est surtout le cas des journalistes britanniques, car ils entretiennent une relation beaucoup plus étroite. C’est surtout le cas des journalistes israélien. Et bien entendu des Français (…). Les médias allemands et américains cherchent à amener la guerre aux peuples d’Europe, à amener la guerre à la Russie (…), j’ai très peur qu’une nouvelle guerre éclate en Europe. »

Vous comprenez maintenant pourquoi tous ces gens ne publient jamais un mot sur nous ou, lorsqu’ils ne peuvent pas nous ignorer, ils nous qualifient de « secte » ou ont recours à toutes sortes de caractérisations calomnieuses qui évoluent d’ailleurs avec le temps. Ce sont des assassins de l’esprit, au service d’assassins tout court.

Pour ce qui concerne l’économie, le comportementaliste français Jean Tirole vient d’obtenir le prix Nobel d’économie. Pour résumer : il a toujours prétendu que le « concept de crise systémique ne signifie rien », et qu’il est impossible de réglementer les fonds spéculatifs ou les dérivés, une chose qu’il faut selon lui « laisser aux idéalistes irrationnels ». Après avoir enseigné à Princeton et au MIT, il a maintenant fondé, avec un apport de 73 millions d’euros de l’Etat et de banques françaises, l’Ecole d’économie de Toulouse et l’Institut d’études avancées, à Toulouse également, qui promeuvent toutes deux, entre autres choses, le concept qu’ils appellent eux-mêmes l’« illusion mutuelle assurée » (Mutually Assured Delusion – MAD). Ceci, après tout, est un acronyme approprié pour décrire l’actuelle « pensée de groupe européenne ».

Nous allons maintenant décrire en termes clairs les choix qui se posent à nous. L’Europe et l’Espagne seront-elles le pont amenant le développement positif de l’Eurasie jusqu’en Afrique, ou bien seront-elles le pont permettant à la marche funèbre d’Ebola d’atteindre le centre de l’Europe ? L’Allemagne, la France, l’Italie et d’autres pays européens retrouveront-ils leur réflexe humaniste, ou continueront-ils à répandre la pensée contraire pour le compte de l’Empire britannique ? Sommes-nous déterminés à nous débarrasser du non-sens de la géopolitique et de la pensée déductive, et à redevenir des explorateurs et des découvreurs ? Sommes-nous prêts à échapper à ce faux dilemme économique opposant le monétarisme keynésien (la diarrhée des faux monnayeurs) au culte orthodoxe de « l’argent rare » et des accapareurs de richesse (la constipation monétaire) ? Les dirigeants politiques français et allemands peuvent se reconnaître eux-mêmes dans ce cabinet de toilette de la politique mondiale.

Telles sont les réelles questions qui se posent dans le monde réel.

Où en était l’Europe en 1411 ? Il s’agissait d’une région relativement bien moins développée que la Chine et l’Inde. Sur les dix plus grandes villes du monde à l’époque, une seule était européenne, Paris, avec ses 200 000 habitants, tandis que Beijing en comptait au moins 600 000. Encore en 1792-1793, Lord Macartney décrivait la puissance et le nombre d’habitants que comptaient la Chine comme une menace à l’expansion de l’Empire britannique, suggérant que quelque chose devait être fait à ce propos, car ils étaient beaucoup trop nombreux sur cette Terre.

Qu’est-ce qui a permis la réussite de l’Europe après 1411 ? En termes réels, la Renaissance et ses révolutions dans la science et dans l’art, la renaissance de de Cuse, Kepler, Leibniz, de Vinci, Rembrandt, Bach et Beethoven. L’idée d’un homo universalis, un être humain se développant au-delà des espèces animales, non pas pour dominer mais pour créer et éveiller sa conscience au service d’autrui.

Malheureusement, au lieu de partager cette capacité, l’Europe, sous la domination de l’oligarchie, a trahi son propre sens d’universalité, et les Empires ont utilisé le potentiel créé par la Renaissance pour arriver à leurs propres fins, contre les autres régions du monde. Le pillage, la destruction et la bestialité ont pris le dessus, et les applications technologiques de découvertes scientifiques n’ont pas servi au développement mutuel mais à la recherche de domination et de possessions. Ce qui a développé les Etats-Unis, reposant sur ce que l’Europe avait de meilleur, c.-à-d. les principes leibniziens de « la vie, la liberté et la recherche du bonheur » et non pas « la vie, la liberté et la propriété », a été détruit dans la deuxième partie du 20e siècle, après la mort de Franklin Delano Roosevelt.

En tant qu’Européens et Américains, notre mission est de retrouver les principes fondateurs de la Constitution américaine et, pour nous en Europe, de revenir aux principes de la Paix de Westphalie de 1648. C’est précisément ce que Tony Blair a demandé à éliminer dans son tristement célèbre discours de Chicago en 1999, auquel devait succéder la prétendue guerre contre le terrorisme, qui n’est devenue rien d’autre qu’une guerre pour terroriser les peuples et la guerre de tous contre tous.

La Paix de Westphalie reposait sur trois principaux engagements :

  • Le pardon des offenses passées, incluant ce qui était considéré comme la principale offense, la dette encourue pour financer les guerres ;
  • L’avantage d’autrui, pour empêcher que d’autres guerres éclatent et que l’on fasse des gains aux dépens des autres.
  • Le respect du principe de souveraineté nationale, fondé sur le respect mutuel.

C’est ce que nous avons jeté par dessus bord avec l’actuelle Union européenne, qui est ni européenne, ni une union.

Où allons-nous donc trouver l’impulsion nécessaire à notre reprise ? Parmi ceux qui ont respecté au mieux nos principes, même si cela reste encore imparfait : oui, je parle des BRICS, ou dans les mots de Modi : « Faisons du développement un mouvement de masse. » Tel est le paradoxe de cette période de l’histoire : nous avons perdu nos principes en Europe et aux Etats-Unis, et la seule manière de les retrouver est de nous inspirer de la dynamique des BRICS, qui a été créée comme moyen de protection contre nos erreurs et nos crimes, contre l’oppression de l’oligarchie financière qui répand le meurtre et la destruction de tout le tissu social. Pour faire cela, pour agir pour le bien commun, il faut que nous nous libérions nous-mêmes une bonne fois pour toutes de l’oligarchie britannique et de ses collaborateurs.

Cela ne signifie pas que nous n’ayons rien, en tant qu’Européens, à contribuer en vue de la noce. Je ne crois pas, comme les historiens de l’école britannique, les Gibbons et Toynbees, à la fatalité du déclin, à la continuité d’une grande dégénérescence. Je crois que plus croît le péril, plus croît aussi ce qui sauve, à condition que nous nous mobilisions pour le futur de l’humanité, au-delà de l’Europe elle-même. Si l’Europe a fait quoi que ce soit qui mérite d’être retenu depuis la fin de la Deuxième guerre mondiale, c’est d’avoir fait la paix entre les peuples européens, même si c’est sur la base d’un compromis avec l’oligarchie. Il faut maintenant que nous reprenions les choses en main et que nous nous débarrassions de la maladie de l’oligarchie. Il n’est pas possible d’avoir un foyer pacifique avec des cafards et autres insectes plein la maison. Il est temps de nettoyer et d’agir, pas pour nous-mêmes mais pour l’avantage d’autrui. Nous devons nous décontaminer et faire un saut décisif vers l’avant, pas seulement pour nous joindre aux BRICS mais pour inspirer le développement à venir. Notre défi immédiat n’est pas seulement d’empêcher que des choses horribles surviennent, mais de faire en sorte que de bonnes choses arrivent, découlant des nouveaux principes.

Un exemple historique me donne de l’espoir – en fait, non pas un, mais deux. Le premier est celui de ce jeune Africain du Ghana, Anton Wilhelm Amo, qui fut adopté vers 1707 par le Duc de Brunswick-Wolfenbütell et traité comme un membre de sa famille. Il étudia, à l’Université de Halle, puis celles de Wittenberg et de Iena, la logique, la métaphysique, l’astronomie, l’histoire, le droit, la théologie, la politique et la médecine. Il apprit six langues : l’anglais, le français, le néerlandais, le latin, le grec et bien sûr l’allemand. En 1729, il écrivit De Jure Maurorum in Europa (Du droit des Maures en Europe) où il demande que les noirs soient traités comme les autres européens. Il obtint son doctorat en philosophie à Wittenberg en 1734. Sa thèse remarquable, De l’Apathie de l’âme humaine, s’oppose au dualisme cartésien et développe une conception leibnizienne de l’humanité fondée sur la découverte de principes et l’élaboration d’idées au-delà de la perception des sens. Il retourna sur son lieu de naissance lorsque l’Allemagne s’engagea sur la voie de la répression, et mourut sous astreinte dans une forteresse au Ghana. L’Abbé Grégoire en fait l’éloge dans ses Notices des nègres et des mulâtres distingués par leurs talents et leurs ouvrages, et il était une inspiration pour Kwame N’Kroumah, le premier président du Ghana.

L’autre exemple du 18e siècle est celui d’Abraham Petrovich Gannibal, un enfant noir adopté et libéré par le Tsar Pierre le Grand, et qui fit ensuite une carrière remarquable en Russie en tant qu’ingénieur et officier, se maria avec une noble et eut des générations de descendants, parmi lesquels son arrière-petit-fils, Alexandre Pouchkine. Ces deux exemples prouvent que lorsque des Européens décident de respecter l’avantage d’autrui, des choses comme celles-ci peuvent arriver, représentant un rayon lumineux du passé vers l’avenir. Je pourrais encore mentionner en France le Chevalier de Saint-Georges, ce remarquable compositeur contemporain de Mozart. Aujourd’hui, nous sommes loin d’avoir accordé à tous les Africains une telle reconnaissance de leur humanité, et c’est un défi pour nous tous d’accomplir cela, comme expression de notre nouvelle renaissance. Lorsqu’on laisse l’autre mourir, on tue sa propre humanité.

Car l’Europe, telle que ses chantres financiers ont tenté de l’imposer, n’a aucun avenir : elle est au bout du rouleau en tant que puissance financière sise sur une région limitée d’un monde soumis à l’Empire britannique. Cependant, les Etats-nations composant l’Europe doivent être ravivés, comme les voix d’un chœur et les instruments d’un orchestre : les souverainetés conjuguées au service de l’avantage de tous.

Pensons à cela comme s’il s’agissait d’une question de vie ou de mort. C’est une question de vie ou de mort, et nous devons tous comprendre la nature du danger, mieux que dans les mots que je suis en train de vous lire, car les mots écrits figent une pensée. La mort : si nous continuons à nous comporter comme nous le faisons, notre destin est de mourir. Nous pourrions mourir soit d’une guerre mondiale, de l’épidémie Ebola ou de toute autre épidémie, soit nous pourrions être détruits par les vagues d’austérité meurtrière à venir. Le danger est ici et maintenant, et le résultat sera le même : une extermination de masse, planifiée d’avance. La paix : pensons à tous les peuples européens rassemblant leurs efforts pour contribuer au futur. La vie : il s’agit, en premier lieu, d’arrêter une fois pour toutes la logique d’affrontement à l’égard de la Russie et la Chine, et ensuite de lancer une politique de crédit pour financer les infrastructures communes, ou pour le dire de manière plus juste, une plateforme pour la paix mondiale.

Voyez la chose comme un chœur européen, un chœur de nations, de l’Atlantique à l’Oural, de l’Eurasie allant de Lisbonne à Vladivostok et jusqu’en mer de Chine. L’Allemagne contribuant son acier et ses machines-outils, ensemble avec la Suisse et l’Autriche, la France avec ses centrales atomiques et ses capacités aérospatiales. La France et l’Allemagne s’unissant à la Russie, la Chine et les Etats-Unis dans un vaste projet spatial, pour lequel les chercheurs et les ingénieurs aimeraient qu’on se mobilise, de Darmstadt à Toulouse.

Considérez le nord de l’Europe (Suède, Danemark et Finlande) comme un pont vers l’Est. Considérez le sud comme un pont vers l’Afrique, depuis l’Italie, ou bien l’Espagne et le Portugal.

Pensez également à tous les peuples de l’Europe que je n’ai pas mentionnées. Nous avons là une combinaison dotée d’un potentiel incroyable pour la paix, l’une des clés permettant d’ouvrir les portes du futur, mais nous ne l’utilisons pas à cause de notre culture de la mort et notre inaction mortelle, entropique, nos péchés d’omission et notre pessimisme. Les peuples européens ne pourront survivre que s’ils s’engagent à se débarrasser de leurs mauvaise habitudes sociales, les pratiques et opinions des cent dernières années, et s’ils rassemblent l’optimisme nécessaire pour rejeter la culture de la mort, la culture d’un monde fini. Etre humain ne consiste pas à se regarder dans un miroir comme un oligarque narcissique, mais avec les yeux du futur, en contribuant à améliorer la condition de l’humanité.

L’Europe n’a aucun avenir dans sa forme pervertie actuelle, mais elle a le droit de prétendre à l’existence en tant qu’assemblée à venir de sages penseurs de républiques souveraines. Nous sommes rassemblés, ici dans cette salle, et je suis sûr que serons enrichis par les idées en provenance du futur qui nous serons présentées par les prochains orateurs.

Libérons-nous de la City de Londres, de Wall Street et de l’Empire britannique, et disons haut et fort :

Vive la Nouvelle route de la soie, principe à la dimension du monde !

Vive l’Europe libre ; vive l’Eurasie de l’Atlantique à la mer de Chine !

Vive l’Allemagne libre !

Vive la France libre !

Vive les Etats-Unis de Franklin, Lincoln, Roosevelt et LaRouche, Vive les Etats-Unis libres !

Nous pouvons tous respirer l’air venu du large, à condition que nous mettions nos vies en jeu, au nom du futur de l’humanité. Notre destin est entre nos mains. Et le peuple, dans la mesure où nous le défions dans son pessimisme, en donnant nous mêmes l’exemple, nous attend pour monter sur scène comme des Fidélio.


Antonino Galloni: “La politique d’Enrico Mattéi, modèle universel pour les relations Nord-Sud et Est-Ouest”

Antonino Galloni

économist, Istituto Nazionale Previdenza Sociale (INPS), Rome, Italie. 


 


M. Dragan Duncic, Prof. Asst. Milena Nikolic: Le canal Danube-Morava-Vardar-Axios-Égée et la ceinture économique de la Route de la Soie

M. Dragan Duncic

Agence Républicaine pour l’Aménagement du Territoire, Belgrade, Serbie

Prof. Asst. Milena Nikolic

Institut Supérieur d’Études Appliquées, Belgrade, Serbie


Voici la transcription de l’intervention des professeurs serbes Milena Nikolic de l’Institut des études appliquées de Belgrade et de M. Dragan Duncic de l’Office de l’Aménagement du territoire de la République serbe, lors de la conférence internationale de l’Institut Schiller du 18 et 19 octobre 2014 en Allemagne.

Le professeur Milena Nikolic a d’abord félicité Mme Helga Zepp-LaRouche et son époux, l’économiste américain Lyndon LaRouche, pour les trente ans d’activités de l’Institut Schiller. Elle a également transmis les salutations de son père, le Professeur Milan Bacevic, ancien ministre serbe de l’Aménagement du territoire et des ressources naturelles. [1]

Disposant déjà sur notre site d’un article détaillé sur le projet de canal reliant le Danube à Thessalonique en Grèce sur notre site, nous avons choisi de présenter un extrait du texte soumis à la discussion par Dragan Duncic et le professeur Milena Nikolic, qui rappelle l’histoire et l’importance des canaux dans l’histoire économique en général.


Étant donné que les trois quarts de la surface terrestre sont couverts d’eau et que le corps humain est lui aussi composé à 70 % d’eau, il est évident qu’il s’agit d’un élément fondamental pour la vie humaine. La disponibilité et l’accès à l’eau potable ont souvent déterminé la répartition des populations sur les continents et c’est pour cela que l’Homme s’est sédentarisé dans les embouchures des grands fleuves. Les civilisations antiques connaissaient l’importance de l’eau et ont développé différentes façons de s’en servir afin de créer un environnement propice à leur développement. Une de ces méthodes fut la création de systèmes d’irrigation.

Les plus vieux canaux d’irrigation ont été trouvés en Mésopotamie (aujourd’hui une région chevauchant l’Irak et la Syrie), et ils datent de 4000 ans av. J.C. La civilisation de la vallée de l’Indus en Inde, vers 2600 ans av. J.C., maîtrisait des systèmes d’irrigation performants avec un système de réserves d’eau, alors qu’en Egypte, les canaux datent de la période 2332-2283 av. J.C., lorsqu’on a construit un canal pour contourner les chutes d’eau du Nil près d’Assouan.

En Chine, des canaux pour le transport fluvial furent construits dans la période 481-221 av. J.C., et le plus long de cette période fut le canal de Hong Gou (canal des oies sauvages), reliant six pays. Peu de temps après, le Grand canal, encore aujourd’hui le canal le plus long du monde (1794 km), fut construit pour faire remonter du riz des régions fertiles autour du fleuve Yangzi Jiang dans le sud de la Chine, vers les troupes et la Cour de l’Empereur Yang de la dynastie Sui dans le nord. Il ne s’agissait pas seulement de transporter des céréales, mais aussi d’unifier le pays en intensifiant les liens entre les régions. Cela faisait du canal tout un symbole et une cible pour les envahisseurs. Au début des années 1840, lors de la première guerre de l’opium, les Britanniques ont occupé le confluent du canal et du fleuve Yangzi Jiang afin de bloquer l’approvisionnement en aliments de Beijing et priver la capitale des taxes qu’elle pouvait en tirer.

Au Moyen Age, la voie d’eau était moins onéreuse et plus rapide que la voie terrestre car les routes étaient dans un état lamentable. Le transport fluvial permettait également le transport des pondéreux. Le premier canal de l’Europe chrétienne fut la « Fosse caroline »(Fossa Carolina), construit au VIIIe siècle sous la supervision personnelle deCharlemagne. C’était également le premier « canal de jonction » reliant le bassin du Rhin et du Danube. Cela ne permettait pas seulement des échanges entre la Rhénanie et la Bavière mais permettait également à Charlemagne d’augmenter sa capacité à déployer ses navires de guerre. Au XVIIIe siècle, on a élargi cette ère de développement en construisant le canal Main-Danube (canal Ludwig). Cette voie d’eau fut étroite et tomba rapidement en désuétude lorsque est apparu le chemin de fer. Par la suite, les bassins du Rhin et du Danube furent enfin reliés par le canal Rhin-Main-Danube.

Le développement du commerce et la nécessité de transporter des grandes quantités de vrac et de pondéreux justifient le transport fluvial et ont fait des grands ports des centres majeurs d’échanges. Au XVIIIe siècle, lors de la révolution industrielle, l’Europe a entamé la construction de canaux partout où la géographie le permettait et lorsque les capitaux étaient disponibles.

Dans la période qui a suivi la deuxième guerre mondiale, la part du transport maritime a atteint 70 % du total du fret international et le tonnage moyen des bateaux a augmenté. En accord avec cette tendance, l’importance stratégique des pays disposant d’une façade maritime est devenue plus grande. Le développement du trafic maritime fut cependant déterminé par la création de passages artificiels (canaux interocéaniques tels que Suez, Panama, Corinthe, etc.) et des passages naturels (Détroits de Malacca, Gibraltar, Bosphore, Dardanelles, Bab-el-Mandeb, Ormuz, etc.) qui permettent de raccourcir les corridors de transport maritime par des milliers et des dizaines de milliers de kilomètres. A part cela, pour les pays qui n’en disposent pas de façon naturelle, disposer d’un accès à la mer est un objectif géostratégique pour bien des pays.

La construction des canaux a joué un rôle majeur pour favoriser le transport fluvial et maritime. Le canal de Suez fut creusé en 1869, et après sa reconstruction en 1980, permet le passage de grand tankers pétroliers en provenance du golfe Persique. Un autre canal majeur pour le transport maritime est le canal de Panama qui relie l’Atlantique au Pacifique et raccourcit immensément les trajets.

Avec la réalisation du canal Rhin-Main-Danube, le Danube est devenu la colonne vertébrale d’une voie fluviale unique qui relie la mer du Nord à la mer Noire, en d’autres termes le port de Rotterdam aux Pays-Bas à celui de Constanta en Roumanie. Ceci a fait naître une nouvelle voie commerciale entre l’Europe du nord, l’Europe centrale et l’Europe de l’ouest, et une connexion directe avec la mer Noire, c’est-à-dire également avec le canal de Suez et donc avec le Moyen et l’Extrême Orient. Avant l’existence de cet axe fluvial, les navires devaient traverser la Méditerranée et contourner la péninsule ibérique, un trajet qui durait huit jours de plus et et qui était donc forcément plus cher.

La Méditerranée a une position centrale unique. A part des endroits géostratégiques majeurs tels que le canal de Suez, le détroit de Gibraltar, le Bosphore et les Dardanelles, elle représente un « pont » entre les pays arabes, le Maghreb et l’Union européenne. L’importance géostratégique de la Turquie fut également renforcée par la construction du grand corridor de transport fluvial Rhin-Main-Danube, puisque la Turquie contrôle le Bosphore, jusqu’ici un point de passage obligé pour les échanges.

La plupart des bateaux en provenance de l’extrême Orient entrent dans la Méditerranée par Suez et mettent le cap sur Gênes, Marseille, Barcelone et Valence. Les ports du nord de l’Adriatique, notamment Koper en Slovénie ou Trieste, Venise et Ravenne en Italie, sont également des sites importants. Cependant, la mer Noire a créé également un lien avec l’Ukraine et la Russie. Du point de vue géostratégique, la mer Noire joue également le rôle d’une frontière naturelle entre l’Europe et l’Asie, et dans un sens, est ce qui les rattache.

Le développement du transport fluvial dépend pour l’essentiel des conditions géographiques. De ce point de vue, ce sont les pays qui disposent de rivières navigables ou qui ont déjà construit des canaux qui disposent parfois du plus grand potentiel. La position géostratégique de la plaine de Pannonie et la connexion entre la Sava et le Danube, avec le bassin de la Morava, lui-même lié au Vardar, et au-delà avec la Mer d’Égée et la Méditerranée, est un ensemble unique de vallées et de plaines en Europe. En les reliant entre elles, une vaste voie navigable pourrait voir le jour. Elle relierait l’Europe du Nord avec l’Europe du Sud et l’Europe centrale, grâce au Corridor paneuropéen N° 7, le Danube, ainsi que l’ensemble de l’axe Rhin-Main-Danube existant.

Il existe deux canaux en Roumanie (le canal de Sulina et celui du Danube à la mer Noire).

A part leur importance économique évidente, la construction de ces canaux a indirectement renforcé la candidature de la Roumanie pour rejoindre l’Union européenne, puisqu’elle représentait un trait d’union entre l’Europe et l’Asie.

De la même façon, l’importance géostratégique de la Serbie pourrait évoluer si nous construisions notre propre connexion fluviale entre le Danube et la Méditerranée. Cette connexion serait plus courte et économiquement plus profitable que tout ce qui existe pour l’instant.

Le bassin de la Morava représente la colonne vertébrale de la structure spatiale de la Serbie centrale. Son potentiel est essentiel pour le développement de la Serbie en termes d’aménagement territorial, qu’il s’agisse de son économie, de sa démographie ou de son agriculture. Le bassin de la Morava, où habitent environ trois millions de personnes, couvre 42 % du territoire de la Serbie et 45 % de ses ressources en eau. L’intérêt de rendre la Morava navigable est devenu évident en 1841. Après que quatre navires postaux se furent rendus à Cuprija, à 140 km au sud de Belgrade, la question fut posée et on proposa de « faire des relevés exacts de la rivière afin de pouvoir envisager sa navigabilité », comme l’écrivait Le Journal serbe. Ensuite, une société « Franco-serbe de navigation » fut créée. Entre 1844 et 1864, elle organisa du transport fluvial sur le Danube, la Sava et la Morava.

La Serbie a tenté de rendre la Morava navigable pour des bateaux plus grands en 1867, lorsqu’on a fait des relevés topographiques plus précis pour mesurer son potentiel. Par la suite, on a construit un petit bateau à vapeur du nom de « Morava » pour des essais spécifiques près de Cuprija. L’expédition commença en 1869 sous la direction de l’ingénieur Anta Aleksic. Ainsi, depuis plus d’un siècle, de nombreux articles, études et analyses ont traité du projet de canal de la Morava, mais faute d’investissement, le projet tarde à voir le jour.


[1] M. Bacevic vient d’être nommé ambassadeur de la République serbe en Chine, un pays qui a montré un très grand intérêt pour le projet de canal de la Morava.


Pei Hua & Chen Bo: Salutations de la Fondation Chinoise Soong Ching Ling

Mrs. Pei Hua & Mr. Chen Bo

Salutations et présentation de la Fondation Chinoise Soong Ching Ling


Mme Pei Hua est la directrice de la Fondation Soong Ching Ling [1] de Beijing, Chine. Voici la vidéo et la transcription de son intervention lors de la conférence internationale de l’Institut Schiller du 18 et 19 octobre 2014 en Allemagne.


Un pont de l’amitié

Mesdames et Messieurs,

Bonjour à tous,

Je voudrais commencer par remercier Mme Helga Zepp-LaRouche pour avoir invité la fondation chinoise Soong Ching Ling à la conférence du 30e anniversaire de l’Institut Schiller.

Je suis profondément honorée d’avoir la chance d’entendre toutes ces idées inestimables et de pouvoir dialoguer et échanger avec vous au sein de cette conférence instructive.

Comme le disait Confucius, « à trente ans, mes convictions sont affirmées ». Pour un individu ou une organisation, trente ans est un âge d’une grande importance. Au nom de la fondation Soong Ching Ling, et avec mon collègue Chen Bo avec lequel je suis venue de Pékin, nous aimerions exprimer nos sincères félicitations à l’Institut Schiller pour son engagement ininterrompu afin de maintenir et de développer le droit qu’a l’humanité au progrès et au développement.

Nous sommes ici pour apprendre des différents participants, experts et universitaires de différents pays et organisations non gouvernementale invités par l’institut Schiller.

Madame Helga Zepp-LaRouche et les participants ont une vision commune sur « la nouvelle Route de la soie et le programme lunaire chinois », la paix mondiale, et se battent ensemble pour établir un nouveau paradigme de civilisation.

Les discussions nous ont été bénéfiques non seulement pour leurs idées stimulantes mais aussi parce qu’elles nous inspirent de nouvelles perspectives. Nous allons en effet nous pencher plus profondément sur les valeurs culturelles et historiques de l’ancienne Route de la soie, qui avait pour origine la Chine et s’étendait à travers le monde.

Mais aussi sur la proposition faite par le président Xi Jinping d’« une ceinture, une route » (la double politique lancée en 2013 intitulée « la Route de la soie continentale » et « la route de la soie maritime du 21e siècle »), sa signification pour le développement intérieur de la Chine et celui du Monde, et la contribution de ce projet afin d’établir la paix et assurer le bien-être de la civilisation.

Nous sommes aussi ici pour développer la compréhension mutuelle au regard de ce grand projet. Comme le disent les anciens dictons chinois « La destinée nous fait nous rencontrer malgré la distance qui nous sépare ».

A la fin du mois d’août dernier, la fondation Soong Ching Ling a invité Helga Zepp-Larouche à participer à une conférence culturelle intitulée « une ceinture, une route » à l’université de Lanzhou dans la province du Gansu.

Nous en avons profité pour lui faire visiter la grande muraille de Jiayuguan ainsi que de la grotte de Mo Gao à Dunhuang le long de l’ancienne route de la soie. En septembre, elle est passée par Pékin, où elle a pu visiter l’ancienne résidence de Madame Soong Chin Ling et discuter à bâtons rompus avec différents dirigeants de notre fondation sur les possibilités de coopérations sur le projet « une ceinture, une route ».

A l’occasion de la célébration du 30e anniversaire de l’Institut Schiller, et pour faire écho à la promotion de la brillante perle culturelle qu’est la musique classique allemande, la Fondation Soong Ching Ling voudrait offrir un modèle réduit d’un ancien carillon chinois.

C’est un instrument de percussion de l’ethnie Han, qui vient de la dynastie Zhou de l’Ouest (1046-771 av. J.-C.), et s’est répandue à la dynastie Zhou de l’est (de 770 à 221 av. J.-C.) incluant la période des printemps et automnes (période pendent laquelle vivait Confucius) puis à celle des royaumes combattants, des Qin (221-206 av. J.-C.) et des Han (206 av. J.-C. – 220 ap. J.-C.).

La Chine fut l’un des premiers pays à produire et à utiliser des carillons, qui démontre la grande connaissance du travail du bronze dans la période de la Chine ancienne.

Dans la seconde partie des écrits rapportant le dialogue entre Mencius et son disciple Wanzhang on peut lire : « La conception confucéenne est comme un véritable concert. Un véritable concert commence quand les grandes cloches sonnent, et finit avec les pierres sonnantes. »

Les grandes cloches se réfèrent au carillon. Nous espérons que pour ces 30 prochaines années, l’Institut Schiller aura de plus en plus de succès, à l’image d’un« véritable concert », en promouvant la musique ancienne et la tradition culturelle, de nouvelles coopérations parmi les pays et les régions le long de la route de la soie qui faciliteront les progrès technologiques et scientifiques. J’espère que nos deux organisations travailleront ensemble à améliorer les échanges entre les civilisations chinoises et allemandes et entre les civilisations traditionnelles de l’est et de l’ouest, en y incluant la musique classique.

Madame Helga Zepp-LaRouche et son mari Lyndon Larouche, ensemble avec l’Institut Schiller qu’ils ont fondé, se sont engagé depuis longtemps pour restructurer la politique économique mondiale. Ils attachent une grande importance au rôle clef de l’Asie et de la Chine, en particulier. Madame LaRouche a soutenu la politique de Nouvelle route de la soie proposée par la Chine, qui vise à améliorer la coopération « gagnant-gagnant » entre les pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine.

Cette Nouvelle route de la soie présente une nouvelle perspective reprenant sa conception antique, en facilitant les flux d’idées et de biens, de culture et de science, tout en invitant tous les pays du Monde à y participer.

Merci beaucoup.


[1] La Fondation Soong Ching Ling, la troisième plus importante société de bienfaisance de Chine, a été fondée en 1992. Mme Soong Ching Ling (1893 – 1981), qu’on compare parfois à Eléanor Roosevelt, fut l’épouse du père de la Chine moderne, Sun Yat-sen, et héritière de sa mission politique. Elle fut membre du Kuomintang, puis à partir de 1948 de son comité révolutionnaire, qui deviendra un parti mineur de Chine populaire. Seule membre de la famille Soong à rester en Chine après cette date, elle s’efforça d’y faire appliquer les idées de son mari, occupa un certain nombre de fonctions officielles – en majorité honorifiques – et se consacra à l’enfance, à la cause des femmes et au progrès social. À la veille de sa mort, elle fut inscrite d’office au parti communiste et nommée présidente honoraire de la République.


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