Diogène Senny
Secrétaire général de la Ligue panafricaine-UMOJA, Toulouse.
Chers Camarades,
Nous voilà à nouveau réunis comme en octobre 2014 à Francfort, en Allemagne, autour de l’initiative prise par les BRICS et ce, grâce aux camarades de l’Institut Schiller, auxquels nous remercions et saluons l’engagement constant. Nous saluons aussi nos amis de Solidarité et Progrès, Jacques Cheminade, Odile Mojon et tous les autres, pour leurs efforts inlassables à maintenir le lien entre nous.
Enfin, je salue nos amis de CADTM (Comité d’annulation de la dette tiers-monde), dont Eric Toussaint et Damien Millet, qui se battent depuis des années pour dénoncer l’immense scandale des dettes odieuses et illégitimes.
Introduction
Chers Camarades,
Nous avons intitulé notre intervention : « Dettes fatales ou le leurre des Indépendances africaines ». Pour comprendre la problématique de la dette fatale qui assaille l’Afrique, il convient de revenir à ses origines et aux raisons qui ont conduit à son développement. Après avoir démontré que la dette africaine est une reconquête savamment orchestrée du néocolonialisme, il sera aisé à tout un chacun de la caractériser d’odieuse et d’illégitime.
Par conséquent, son annulation n’est pas une sollicitation de la générosité des créanciers, mais une réparation et une justice rendue aux peuples trahis.
Les origines et les raisons de la dette africaine
Au tournant des indépendances africaines dans les années 1960, les anciennes puissances coloniales sont confrontées à deux défis : empêcher par tous les moyens la montée au pouvoir dans les anciennes colonies des régimes nationalistes-panafricanistes et, confrontées à la Guerre froide et aidées en cela par les Etats-Unis, empêcher l’URSS d’avoir des alliés en Afrique, donc d’accéder aux minerais, ce qui était jusque-là l’exclusivité occidentale.
Globalement, l’Occident réussit à écarter les nationalistes soit par des assassinats (c’est le cas de Lumumba au Congo en 1961), soit par des guerres et des massacres à grande échelle (c’est le cas des leaders de l’UPC, l’Union des populations du Cameroun), soit par divers artifices, en jetant les opposants en prison ou en exil (c’est le cas d’Abel Goumba en Centrafrique en 1964, après l’accident mystérieux en mars 1959 de Barthélémy Boganda).
Dans les quelques pays où les régimes s’allient à l’URSS, l’Occident garde malgré tout une présence et profite de la moindre occasion pour renverser les pouvoirs afin d’installer des régimes qui lui sont favorables et serviles ; par exemple le renversement et l’assassinat de Thomas Sankara illustrent parfaitement ce dernier cas.
L’Occident mettra tout en œuvre pour garder la mainmise sur les anciennes colonies. L’une des armes qu’il va utiliser est la dette, prétextant dans les discours officiels reproduire le succès du plan Marshall à l’Afrique, alors qu’en réalité, la raison essentielle est de maintenir une emprise géopolitique stratégique et avoir un accès aux minerais comme à l’époque coloniale. Ainsi, l’adage suivant a été parfaitement appliqué : celui qui contrôle les finances d’une nation n’a pas besoin du contrôle total sur la gestion politique intérieure pour être le vrai patron, en tirant les ficelles en coulisses.
Au moins trois phénomènes historiques ont permis à l’Occident de disposer des moyens financiers colossaux pour réaliser sa mainmise sur l’Afrique. En premier lieu, au moment des indépendances africaines en 1960, les banques privées occidentales regorgent d’eurodollars issus des prêts faits par les Etats-Unis aux Européens dans les années 1950, destinés au plan Marshall dans le cadre de la reconstruction d’après-guerre.
Pour éviter le retour massif de ces eurodollars aux Etats-Unis, à cause non seulement de la forte inflation que cela allait provoquer dans l’économie américaine, mais aussi du risque d’assèchement de l’or dans les coffres-forts américains, comme le stipulaient les accords en vigueur, c’est-à-dire d’échanger les remboursements contre de l’or ; les Occidentaux vont inciter leurs banques à prêter massivement à des taux avantageux aux pays africains nouvellement et nominalement indépendants.
Naturellement les régimes africains, dont l’Occident a pris soin de s’assurer l’allégeance, vont se montrer intéressés, surtout à des fins personnelles, par un tel déferlement de capitaux.
Le deuxième phénomène historique qui explique l’explosion de la dette africaine est le choc pétrolier de 1973 provoqué par un quadruplement soudain des prix du pétrole. Les émirs des pays du Golfe vont déposer les immenses quantités de dollars résultant des profits réalisés par les ventes de pétrole dans les banques occidentales. C’est le phénomène dit des pétrodollars.
Ces pétrodollars s’additionnant aux eurodollars liés au financement de la reconstruction de l’Europe dévastée par la guerre, vont à nouveau affluer vers l’Afrique. Ainsi, en vingt ans, de 1960 à 1980, la part privée de la dette du tiers-monde va exploser. Quasiment de 0 au début des années 1960, elle atteint 2,5 milliards de dollars en 1970 puis 38 milliards de dollars en 1980.
Enfin, le troisième phénomène de cette explosion de dette est ce qu’on appelle « l’aide liée », qui est de source bilatérale, c’est-à-dire accordée entre Etats directement. L’aide liée est une sorte de subvention indirecte des grandes entreprises occidentales, dont les intérêts sont payés par les peuples africains. Cette pratique date de la crise qui frappe l’Europe à partir des années 1973-1975, connue sous le nom de « la fin des Trente glorieuses », c’est-à-dire la fin des trente années de forte croissance due principalement aux capitaux investis dans le cadre du plan Marshall.
En fait, pour trouver des débouchés aux marchandises qui ne trouvent plus preneurs en Occident à cause de la baisse du pouvoir d’achat, l’idée est d’accorder des prêts exclusivement destinés à acheter des marchandises fabriquées dans le pays créancier, même si elles ne sont pas moins chères ou les mieux adaptées au plan de développement du pays acheteur. De 6 milliards de dollars en 1970, l’aide bilatérale explose et s’élève à 36 milliards de dollars en 1980.
Alors, chers Amis,
Quiconque a bien suivi l’historique et les raisons de l’explosion de la dette africaine qui deviendra fatale et mortifère pour les peuples conclura avec nous que toutes ces initiatives n’ont rien à voir avec de la générosité et le souci du développement, d’autant que les régimes africains alignés sur l’Occident et bénéficiaires de ces immenses transferts étaient ostensiblement despotiques, corrompus et vénaux.
La Guerre froide, le pompage des matières premières et l’aide liée ont justifié le soutien financier voire même militaire à une bande de dictateurs crapuleux et dangereux contre leurs peuples, d’Idi Amin Dada de l’Ouganda, en passant par Mobutu du Zaïre, Mengistu d’Ethiopie, Samuel Doe du Libéria, Bokassa de la Centrafrique, qui rivalisaient dans la brutalité, dans la folie dépensière et dans l’indifférence totale face aux besoins primaires et fondamentaux de leur peuple.
On se souvient encore que le couronnement de Bokassa en 1977 (avec l’accord du Vatican), grand admirateur de Napoléon 1er et grand ami de Giscard d’Estaing, coûta un cinquième du budget annuel de la nation centrafricaine, soit près de 22 millions d’euros. Des détournements colossaux de Mobutu déposés dans les comptes en Occident à près de 8 milliards de dollars alors que la dette du Zaïre, lors de sa chute en 1996, s’élevait à 12 milliards de dollars.
Aux deux acteurs du financement de la dette déjà mentionnés plus haut, les banques occidentales pour la part privée et les Etats occidentaux pour la part bilatérale avec l’aide liée, il faut aussi mentionner la paire FMI – Banque mondiale pour ce qui est de la part multilatérale. Nulle au début des années 1960, la part multilatérale de la dette africaine a atteint 1,2 milliards de dollars en 1970 puis 15,5 milliards de dollars en 1980.
Dette privée, dette bilatérale et dette multilatérale, en tout et pour tout en 1980, l’Afrique croule sous le poids de 89 milliards de dollars de dette, mais sans système de santé viable, sans infrastructures de qualité, sans système éducatif et la misère est toujours grandissante. Que sont devenus les 89 milliards de dollars empruntés par les pouvoirs publics ? Quid du développement humain ?
Rappelons qu’en 1980, la dette africaine est libellée en dollars, en francs français, en deutsche marks, en livres sterling et en yens japonais, ce qui oblige les Etats africains à se procurer des devises fortes pour rembourser les prêts contractés.
Bon an, mal an, l’Afrique règle sa dette jusque-là. Cependant, sous l’effet conjugué de la chute des cours des matières premières et de la hausse brutale des taux d’intérêts du dollar et de la livre sterling au début des années 1980, l’Afrique, comme l’ensemble du tiers-monde endetté, se trouve incapable désormais de rembourser. Ainsi est née la crise de la dette avec l’entrée en scène des thérapies de choc et de la médecine de cheval de la paire FMI – Banque mondiale, Club de Paris, Club de Londres et consorts.
La crise de la dette et les thérapies de choc du FMI et de la Banque mondiale
A l’instar du Mexique, qui annonce publiquement en août 1982 son impossibilité de rembourser la dette à cause de la baisse du prix des matières premières et de l’explosion des taux d’intérêt, la plupart des pays africains annoncent aussi leur impossibilité de payer.
Cette crise débouche sur un étranglement, d’autant que les banques occidentales refusent d’accorder des nouveaux prêts tant que les anciens ne sont pas remboursés. Le monde allait droit vers un défaut de paiement massif et historique en cascade.
Afin d’éviter les faillites bancaires successives qui allaient s’ensuivre, le FMI et les pays industrialisés accordent de nouveaux prêts pour permettre aux banques privées d’éviter les faillites. C’est l’effet « boule de neige » qui consiste à contracter de nouveaux prêts pour rembourser des emprunts antérieurs.
Mais les nouveaux prêts seront conditionnés par l’adoption des PAS (plans d’ajustements structurels) allant jusqu’à la perte de la souveraineté en matière économique.
Depuis les années 80, y compris après le retour du multipartisme au début des années 1990, les PAS relookés en PPTE aujourd’hui, se traduisant par des baisses massives de salaires, le gel drastique des recrutements, l’arrêt des subventions aux services de base (santé, électricité, eau courante, éducation…), privatisation des sociétés d’Etat et mise massive au chômage…, ont été appliqués brutalement contre les populations.
Tout se passe comme si les populations africaines devraient subir la double peine. Après avoir subi les affres des régimes dictatoriaux, elles sont sacrifiées régulièrement sur l’autel des remboursements des dettes odieuses et illégitimes, contractées par ces mêmes régimes injustes avec la complicité des créanciers véreux. Le cynisme atteint son comble, lorsque les populations doivent subir aussi le remboursement des dettes contractées pour des achats d’armes de guerre ayant causé des milliers de morts parmi elles lors des conflits successifs.
D’après la CNUCED, entre 1970 et 2002, l’Afrique a reçu 540 milliards de dollars en prêts, mais elle a remboursé 550 milliards de dollars et elle en doit encore 295 milliards.
D’après les travaux du Comité pour l’annulation de la dette du tiers-monde, en ce qui concerne l’Afrique subsaharienne, les flux sortants vers l’étranger, à travers le service de la dette et le rapatriement des bénéfices des transnationales, sont quasiment équivalents aux flux entrants au sein de la région au titre de l’aide publique au développement et de l’envoi de ressources par les migrants, avec même un solde négatif d’un milliard de dollars. En 2012, le rapatriement des bénéfices de la région la plus appauvrie de la planète a représenté 5 % de son PIB contre 1 % pour l’aide publique au développement.
Dans ce contexte, il convient de se demander : qui aide qui ?
C’est pourquoi un audit de la dette africaine est une exigence.
Nous exigeons un audit citoyen de la dette africaine
Instrument de souveraineté, l’audit citoyen consiste à analyser de manière critique la politique d’emprunts suivie par les autorités du pays et à répondre à de nombreuses questions.
Par exemple : pourquoi l’Etat a-t-il été amené à contracter une dette qui ne cesse d’enfler ? Au service de quels choix politiques et de quels intérêts sociaux la dette a-t-elle été contractée ? Qui en a profité ? Etait-il possible ou nécessaire de faire d’autres choix ? Combien d’intérêts ont été payés, à quels taux, quelle part du principal a déjà été remboursée ? Comment des dettes privées sont-elles devenues « publiques » ?
Les menaces de la mise au ban de la communauté internationale ne sont qu’une façon de décourager les Etats à franchir le pas. Car, contrairement aux idées reçues, les travaux récents de deux économistes, Carmen Reinhart et Kenneth Rogoff, ont dénombré 169 défauts de paiement qui ont duré en moyenne trois ans, entre 1946 et 2008.
Mais en tant qu’organisation politique, notre organisation, la Ligue panafricaine – UMOJA, est consciente que la question de la dette africaine est une question éminemment politique. Il ne suffit pas de vouloir ou de réclamer l’audit de la dette, encore faudrait-il créer le rapport de force favorable pour engager les Etats africains dans cette voie.
C’est pourquoi, face aux créanciers rassemblés sous la bannière du FMI et de la Banque mondiale, un front uni contre la dette est aussi un objectif panafricaniste.
Raghda Ibrahim
Assistante du professeur Mohammed Ibrahim, doyen de l’Institut de transport et de logistique, président de l’Académie des sciences et de technologies de la Ligue arabe, Port Saïd, Égypte.
Texte prochainement disponible.
Pr François Gervais
Professeur émérite à l’Université François Rabelais de Tours, rapporteur critique auprès du GIEC – ARS5, Tours.
Je voudrais commencer par remercier l’Institut Schiller de m’offrir l’opportunité de présenter mes travaux à l’Université François Rabelais, travaux publiés en anglais dans l’International Journal of Modern Physics et en français par Albin Michel. Les résumer pourrait se ramener à répondre à la question : le climat réel valide-t-il les modèles de climat virtuel ? Nous verrons en particulier que l’alarmisme climatique n’est pas fondé sur les mesures mais exclusivement sur les projections des modèles de climat jusqu’à la fin de ce siècle. D’où l’importance de la question : sont-ils validés par les observations ?
La Banque mondiale – grande spécialiste du climat comme chacun sait – a récemment chiffré le coût de la lutte contre les émissions de dioxyde de carbone, le CO2, émis par combustion des ressources fossiles, charbon, pétrole, gaz naturel ou gaz de schiste. Le coût de cette lutte atteindrait 89 000 milliards de dollars, autrement dit 16 milliards par jour d’ici 2030. Cet effort considérable est censé contenir un réchauffement de notre Planète par effet de serre en dessous du seuil de 2°C. Face à un tel enjeu, une première démarche toute simple consiste à vérifier si dans un passé récent, les émissions de CO2 ont bien provoqué une hausse de la température. La corrélation est loin d’être évidente puisque la température baissait lorsque les émissions ont commencé à accélérer et que la température montait tout autant de 1910 à 1945, de 0,6°C, alors que les émissions étaient encore faibles, autant donc que de 1970 à 1998 alors que les émissions étaient alors 6 fois plus élevées. La corrélation est ainsi loin d’être frappante.
Quels sont les gaz à effet de serre dans l’air ? La réponse est simple : ceux dont la molécule est constituée d’au moins deux atomes différents. Le principal est la vapeur d’eau. Arrive loin derrière le CO2. Sa concentration dans l’air est passée en un siècle de 0,03 % à 0,04 %. Quel peut être l’impact de cette augmentation sur la température de la Terre ?
Plus précisément, quel en a été l’impact sur la température ici mesurée par satellite vers 17 km d’altitude ? Pourquoi à cette altitude ? Parce que c’est dans la partie haute de l’atmosphère, dans la basse stratosphère, là où la pression atmosphérique est plus faible, que la théorie de l’effet de serre prévoit la signature la plus nette. En revanche, à la surface de la Terre, la pression est plus élevée et l’effet est déjà presque saturé. De fait, la température n’augmente plus de façon significative ou mesurable dans les limites de l’incertitude expérimentale depuis presque 20 ans. Dans la période de 1993 à 2015, le taux de CO2 dans l’air est passé de 355 millionièmes, ou ppm, pour “parties par million”, à 400 ppm, soit presque la moitié du total des émissions depuis le début de l’ère industrielle. Quel en a été l’impact sur la température ? Nul ! Aucune évolution mesurable n’est constatée. Conclusion : la théorie de l’effet de serre atmosphérique n’est pas vérifiée par les mesures. Et c’est sur cette théorie, non validée, que sont basés les modèles de climat qui prévoient un réchauffement de la planète. Comme le disait le Prix Nobel de Physique Richard Feynman, si une théorie n’est pas vérifiée par l’expérience, elle est fausse. Peut importe qui l’a proposée. Si elle n’est pas vérifiée par l’expérience, elle est fausse.
Un réchauffement a-t-il été observé à la surface de la Terre ? Oui. Mais il est pour partie dû à une composante cyclique. On a passé le dernier sommet d’un cycle de 60 ans et maintenant la température commence à légèrement redescendre. C’est ce que montre un zoom sur les toutes dernières mesures du Hadley Center britannique en les recoupant par les mesures effectuées par différents satellites. Aucun modèle de climat repris par le GIEC, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, n’a prévu cette évolution négative. Mais reconnaissons que la tendance mesurée reste encore en deçà de l’amplitude des fluctuations. A suivre donc…
Les médias – toujours prompts à annoncer un record – nous ont-ils annoncé le dernier record de superficie de banquise Antarctique, pulvérisé le 21 septembre dernier ? Il a battu le précédent record de 2013 d’une quantité égale à la superficie de la France. Pourquoi ce silence ? La banquise Arctique avait fondu jusqu’en 2012. C’est normal puisque l’on a passé le sommet du cycle durant la première décennie de ce siècle. Mais regardez comme le volume de glace à son minimum s’est reconstitué rapidement ces deux dernières années alors que les alarmistes prévoyaient leur disparition dès l’été dernier… En réalité, la superficie totale de banquise est redevenue supérieure à la moyenne depuis deux ans et demi, contredisant les modèles de climat repris par le GIEC. En effet, où est l’impact des émissions de CO2 puisque la superficie de banquise est redevenue excédentaire ?
Ce cycle d’environ 60 ans se manifeste ainsi non seulement sur la température, sur les banquises comme nous venons de le voir, mais aussi sur la hausse du niveau des océans. Les données sont celles de la Figure 3.14 du rapport AR5 du GIEC, ici simulées par le cycle de 60 ans. Dans mes deux rapports successifs envoyés au GIEC début 2012 puis fin 2012, je lui ai adressé les références sur ce cycle publiées dans des revues internationales à comité de lecture. C’est donc en parfaite connaissance de cause que le GIEC a fait le choix de ne pas tenir compte de la variabilité naturelle dans son rapport. En science, cela s’appelle du cherry picking, du tri sélectif, pas de la science.
Parce qu’ils ignorent ce cycle, les modèles CMIP3 et CMIP5 repris par le GIEC sont incapables de seulement retrouver le climat passé et en particulier la hausse de température de 0,6°C entre 1910 et 1945. C’est flagrant. Ils divergent aussi des observations depuis le début de ce siècle comme nous allons maintenant l’examiner en détail.
Première remarque : regardez ce fouillis de “spaghettis”, les modèles ne sont pas du tout d’accord entre eux, y compris ceux reprenant le même scénario d’émissions. Deuxième remarque, comme la température n’a pas augmenté depuis la fin du siècle dernier, leurs projections sont systématiquement au dessus des mesures. Enfin, aucun modèle n’a prévu le léger déclin de la température mesurée par les outils les plus précis, les satellites, depuis 2002. Si ce déclin se poursuit et surtout s’amplifie, gageons que les modélisateurs du climat auront un sérieux problème, et sans doute plus encore les politiques qui ont tout misé sur les prédictions du GIEC.
Les modèles envisagent différents scénarios d’émissions de CO2. Mais que nous apprennent les mesures en ce domaine ? Elles montrent que l’augmentation annuelle du CO2 dans l’air est très variable d’une année à l’autre. Elle peut n’être que de 0,1 % ou atteindre 0,75 %. L’augmentation annuelle est faible lorsque la Terre est momentanément plus froide. Elle est beaucoup plus forte lorsque la Terre est sous l’influence d’une fluctuation de température chaude. La courbe bleue représente les fluctuations de température. Les fluctuations de l’augmentation du CO2, en vert, les suivent comme leur ombre avec un retard de 9 à 11 mois. Sans rentrer dans les interprétations possibles de ce phénomène que le GIEC se plait à ignorer même lorsque le relecteur critique l’invite à le discuter, quelle est l’augmentation moyenne annuelle du CO2 dans l’air ? Environ 0,5 % par an depuis 20 ans. A ce rythme, le taux sera loin d’avoir doublé à la fin de ce siècle.
La sensibilité climatique – en anglais ” transient climate response ” – est définie comme l’élévation de température en cas de doublement du taux de CO2 dans l’air. Le GIEC rapporte qu’elle serait comprise entre 1 et 2,5°C. Mais la Figure 11.25(b) du rapport considère la valeur basse comme la plus probable. Ce ” jugement ” n’est toutefois pas reporté dans le ” résumé à l’attention des décideurs “. Trois articles plus récents que le rapport AR5 rapportent une sensibilité climatique comprise entre 0,6°C et 1,4°C, encadrant ainsi la valeur basse du GIEC. Au rythme actuel de hausse de 0,5 % par an du CO2 dans l’air depuis 20 ans, un calcul simpliste indique une augmentation de température comprise entre 0,3°C et 0,6°C. Y-a-t’il vraiment matière à hurler à la catastrophe annoncée ? Entre vendredi 5 juin et samedi 6 juin, la température en France a chuté d’environ 15°C en 24 heures. Le vent du sud a tourné au nord. Les femmes en jolies toilettes légères ont remis leur pull à la nuit tombée. Mais ressentirions-nous vraiment une hausse virtuelle sur un siècle comprise entre 0,3 et 0,6°C ?
Le réchauffement réel a pris fin. Les émissions de CO2 qui, elles, continuent au même rythme, ne peuvent donc plus en être accusées. Qu’à cela ne tienne, tel le bouc émissaire, on accuse le CO2 de tout et n’importe quoi : des tempêtes, des ouragans, des sécheresses, des inondations, des vagues de froid aux États-Unis et au Canada, et même dans l’enthousiasme du moment des tsunamis et des tremblements de terre pour faire bonne mesure… Pourtant, les mesures montrent que l’énergie cyclonique cumulée a tendance à décroitre comme on le constate depuis 20 ans sur la courbe bleue. Toricelli a inventé le baromètre il y a 3 siècles. Il a vite remarqué qu’une pression plus faible annonçait de la pluie et une pression plus faible encore du vent, voire une tempête. Pour une pression moyenne, le temps reste incertain, variable. En revanche, une pression élevée laisse augurer un beau temps stable. L’aurions-nous oublié ? Un ministre avec lequel je débattais sur RTL semblait, lui, l’avoir oublié. Je lui ai gentiment fait remarqué que sur un thermomètre n’était pas indiqué ” tempête “, ” pluie “, ” vent “. Ce sont les indications reportées sur un baromètre…
Pour finir, et je le rappelle à chaque fois car surtout ceux qui se prétendent ” verts ” semblent avoir un peu trop tendance aussi à l’oublier. Le CO2 est, par photosynthèse et via la production de glucose C6H12O6, un sucre, la nourriture indispensable et irremplaçable de la végétation, en particulier des plantes nutritives, des récoltes, tout en régénérant l’oxygène de l’air. Le CO2 dans l’air est passé en un siècle de 0,03 % à 0,04 %. Est-ce trop ? Ou trop peu ? Au printemps et en été, dans l’hémisphère Nord, on observe chaque année une chute du taux de CO2 dans l’air, consommé par une végétation en pleine croissance saisonnière. L’amplitude de cette chute a augmenté entre 1969 et 2013 comme mesuré ici à La Jolla en Californie. Cette amplitude a surtout augmenté plus vite que le taux de CO2 lui-même, preuve que la végétation semblait et semble toujours en manque de son nutriment préféré. Cet effet “collatéral” est donc éminemment bénéfique pour l’Humanité. Le bénéfice de l’augmentation du rendement des récoltes a été chiffré à 3000 milliards d’euros depuis 1961. Alors pourquoi devrions-nous le combattre alors même que l’effet minuscule sur la température n’a pas l’air de contrarier cette augmentation du rendement des récoltes.
En conclusion, plus de 1350 publications dans des revues internationales à comité de lecture excluent tout risque d’un réchauffement supérieur à 2°C et/ou insistent sur la variabilité naturelle du climat. Leur nombre a doublé depuis 2007. Le nombre de 1350 est à comparer aux 1637 articles listés par la base de données Web of Science en croisant les mots-clés [anthropogenic] AND [greenhouse OR CO2] AND [warming].
D’autres articles habituellement considérés comme allant dans le sens des conclusions du GIEC se contentent en fait, soit de rapporter les observations que les chercheurs utilisent comme je l’ai fait pour montrer qu’il n’y a pas de corrélation entre température et CO2 atmosphérique, soit de simuler quel serait l’impact sur tel ou tel écosystème si la température montait de 2°, 3°, 4°…. Si la température montait… Rassurons-nous, elle ne monte plus. Le catastrophisme est uniquement basé sur les projections de modèles de climat. Tout modèle est faux par définition. Plus ou moins faux. Dans le cas des modèles de climat, la sensibilité climatique TCR est rapportée entre 0,6 et 2,5°C. Ils ne sont donc pas du tout d’accord entre eux et ils reconnaissent une incertitude de 2,5/0,6 = 417 %. Les plus alarmistes ne sont pas validés par les mesures. Faudrait-il donc leur faire confiance alors que l’évolution du climat réel, elle, n’apparaît pas foncièrement inquiétante ?
Je vous remercie.
Pr Carl-Otto Weiss
Consultant à l’Institut européen pour le climat et l’énergie, ancien président de l’Agence nationale de météorologie d’Allemagne, Braunschweig.